Définir ses objectifs apicoles

Avant de débattre d’un sujet, ou d’épiloguer sur les avantages de telle ou telle technique… Il me semble essentiel de connaître les OBJECTIFS des protagonistes pour leurs pratiques et éventuellement leur saison apicole !

Allez, c’est parti, on planche sur le sujet, vous avez 4h !

Bon, allez, je suis sympa, vous pouvez y réfléchir votre vie entière 😉

Je vous invite même à y réfléchir toute votre vie apicole surtout, et même revoir vos objectifs annuels !
Dans certains cas, vous pouvez carrément changer d’objectifs en cours de saison !
Ell’est pas belle, la vie !


Que l’on ait 2 ruches au fond du jardin, 10 ruches derrière en verger, 50 ruches dispersées sur 3 ou 4 ruchers, ou bien plus… le fait est qu’en apiculture, chacun fait ce qu’il veut, avec le nombre de ruches qu’il veut, les pratiques qu’il veut, pour produire ce qu’il veut, et le vendre à… qui en veut ^^.
(dans les limites de la législation ^^)

Vendre ses produits apicoles… C’est une autre histoire ! (et un autre article)

Objectif : santé

Avoir des colonies en bonne santé semblerait être l’objectif de tout apiculteur qui se respecte et qui respecte ses abeilles…

Je vous invite à garder en tête qu’avoir cet objectif implique de connaître les maladies des abeilles. De savoir les soins dont elles peuvent (doivent) bénéficier pour rester en forme (que ce soit un simple nourrissement ou un traitement antivarroa). Et donc d’ouvrir régulièrement ses ruches ! (nous aurons l’occasion de rediscuter du sens que je donne mot « régulièrement » 😉)

Exit donc les « youpi tralala la vie est belle les oiseaux chantent je vais mettre des abeilles au fond de mon jardin pour sauver les abeilles et sauver les fleurs et sauver le mooooonde »… Car personne ne sauvera quoi que ce soit avec une ruche non entretenue au fond de son jardin.
Essaimage non contrôlé. Maladie(s). Varroase. Mort…. What else ?
Exit aussi ceux qui « ne veulent pas récolter de miel je le laisse aux abeilles car c’est la nature »… Quand les voisins se seront fait piquer (surtout le petit dernier, allergique mais vous ne le saviez pas !
Je vous laisse calculer :

1 à 4% dans la population générale et 16 à 36%(1) chez les apiculteurs. Les piqûres de guêpes ou d’abeilles sont responsables de près de 40 morts chaque année en France. Ce chiffre semble d’ailleurs sous évalué, de nombreux décès survenant brutalement à la campagne sont, faute de témoin, déclarés à tort d’origine cardiaque. »
Source stallergenes greer en 2022

Ou lorsque l’école d’à côté aura appelé 3 fois les pompiers pour des essaims dans la cours et des maîtresses/élèves terrorisés… Et j’en passe… ça ne sera plus la même.

Est-ce que des gens plantent des poiriers pour sauver les poires et ne pas en déguster quand les fruits sont mûrs ? Ne pas le taillent quand une branche casse, ou en gêne une autre ? Les poiriers font des poires, les abeilles du miel… Faites des économies et ne plantez pas de poirier si vous ne voulez pas de poires ! 😁

Pour l’anecdote, une village de la Marne a (jadis) été amené par la force des choses, à INTERDIRE les ruches sur sa commune parce qu’il apiculteur avait eu l’idée de mettre un peu trop de ruches dans son jardin…
Plaintes du voisinage…
Sanction.

Donc, chacun fait ce qu’il veut, et ça reste mon avis (qui n’engage que moi) : quand on a des ruches, hé bien on s’en occupe. Et s’en occuper, c’est ouvrir la ruche régulièrement, contrôler autant que possible l’essaimage, récolter le miel… Etcetera !

Si votre objectif est d’avoir une ruche au fond de votre jardin, sans soins (qui coûtent des sous), sans visites (qui prennent du temps), sans contrôle (qui exigent des connaissance), ce blog n’est pas pour vous.
Sinon, vous pouvez continuer votre lecture ! 😊

Objectif : pollinisation personnelle

Alors oui, bien sûr, on peut accueillir des ruches chez soi pour le plaisir d’avoir des abeilles, de polliniser son potager et les quelques fruitiers des alentours ! Le miel peut parfaitement être « le petit plus », sans qu’une « mauvaise » récolte ne vienne fragiliser l’économie de l’apiculteur amateur avec un tel objectif de pollinisation. Certains professionnels, surtout aux USA, vivent essentiellement avec des contrats de pollinisation (sur les amandiers, mais c’est un autre débat, voir les repartages dédiés…).

Et, si vous me permettez cette nouvelle comparaison (sinon sautez le paragraphe !), comme on adopte un chien on va le promener et on le sort pour son hygiène et son mental, ceux qui adoptent des abeilles se promènent avec des seaux de miel et sortent en vareuse pour l’hygiène des ruches (et le mental de l’apiculteur 😅) !
Il n’y a aucun mal à cela… Et c’est même excessivement recommandé.

🤣

Ces apiculteurs, sans contraintes de « rendement », auront tout le loisir de choisir parmi un plus large panel de modèles de ruches (Dadant, voirnot, warré, kényane, ruche tronc…), et de pratiques apicoles variées (1 récolte, 2 récoltes ; cadres amorcés, cirés etc).
Ils ne trouveront d’ailleurs pas ici toutes les informations utiles à leurs pratiques, car en tant qu’ancienne professionnelle avec 250 ruches dadant… Hé bien à l’heure actuelle, c’est essentiellement de ma pratique avec mes ruches Dadant 10 que je vais évoquer !

Je n’ai aujourd’hui d’une petite cinquantaine de ruches hivernées (on en reparle le 17-18 avril à la visite de printemps (pratique) et dans l’article de la « théorie » de la visite de printemps !!!!), j’ai donc aujourd’hui un objectif « pollinisation personnelle », mais ce n’est pas mon objectif principal

Je mets aussi dans cette catégorie tous les curieux, les touche-à-tout, les bricoleurs du dimanche… qui souhaitent quelques ruches, pour un peu de miel pour eux-mêmes… Quitte à en distribuer à tout le quartier une bonne année, et se rabattre sur la confiture quand les temps sont plus durs.

Objectif : miel

C’est l’objectif de la plus grande partie des apiculteurs, et celui de tous les professionnels (avec l’objectif Santé).

Mais je souhaite apporter la plus grande subtilité à cet objectif. Car si j’évoquais sur un ton provocateur les personnes se revendiquant propriétaires de ruches mais refusant de produire du miel, je n’ai pas non plus comme valeur personnelle d’être dans l’extrême inverse, à prendre tout le miel des abeilles et les nourrir aux sucres dès lors qu’on leur a pris toutes leurs provisions de miel.

Depuis toujours, j’essaye autant que possible de trouver le juste milieu, entre une attitude qui consiste à laisser faire la nature, générer et récolter l’excédent de miel que je me serai appliquée à produire dans mes ruches, et en tirer l’argent dont j’ai besoin pour payer les frais de l’exploitation et pour moi vivre….
Encore de savants calculs à la clé, mais c’est comme ça que j’ai été amenée à cesser mon activité d’apicultrice professionnelle en 2017… Et que de nouveaux Objectifs m’amènent aujourd’hui à mon challenge pour la saison 2023 ! (j’en parle ici et un peu ci-après)

Quelles que soient nos convictions, elles se respectent car elles correspondent très probablement à nos valeurs. (Bon, après, tout se discute, mais en coaching ou en thérapie, et là n’est pas le sujet 😂, il y a un autre blog pour cela).

Objectif : cheptel

A l’occasion de savants calculs (ou pas), une personne peut être amenée, souvent temporairement, à modifier considérablement son nombre de ruches sur une saison.

Quand il s’agit de baisser son nombre de ruche, il « suffit » de ne pas renouveler ses colonies et/ou de vendre… Ca ne doit pas poser trop de problème ^^

Quand un débutant acquiert ses premières ruches, qu’il les double après quelques temps de pratique, ou qu’un pluriactif décide de se lancer dans l’aventure de l’apiculture pro, on reste sensiblement sur un gros défi personnel !
Il se peut aussi qu’après de grosses pertes hivernales, un apiculteur fasse le choix de consacrer du temps et de l’énergie à remonter son cheptel.

Très souvent, il s’agit quand même de faire un choix entre cheptel ou production de miel…

Petite note spéciale aux débutants qui veulent se lancer

Aujourd’hui, il y a par exemple des groupes facebook aux noms aguicheurs du style « conseils débutants » ou « débutant en apiculture ». Je ne saurais vous recommander de toujours vous FORMER avant d’acquérir vos premières ruches.

J’interagis dans certains de ces groupes, je suis parfois Mentor, et je suis aussi parfois complètement démunie devant des questions quand je me dis que ces connaissances auraient dû être acquises lors de leur formation ! J’hésite à remettre en cause le formateur, la formation… Qu’on ne sache pas tout faire, je l’entends parfaitement. Mais il me semble indispensable de connaître la théorie avant de passer à la pratique.
On vous a bien fait passer le code et donné le fonctionnement des pédales, puis réussir le permis, avant de vous laisser joyeusement conduire une voiture…
J’avoue avoir un peu de mal quand ce concept est bafoué 😅
(Même si dans le fond, il vaut mieux demander plutôt que de faire n’importe quoi… 🙄)

Il y a quantité de possibilités pour se former :
– Le BPREA, sur 1 an d’école à temps plein (ou en formation à distance ?), fournit toute la théorie et assez de pratique pour débuter sereinement.
– Les ruchers-école, sur 1 an ou 2, il y a de tout… Certains font des formations assez poussées avec des cours hebdomadaires ou mensuels. D’autres se contentent de marquer le coup avec quelques « stages » d’une journée, éparses dans la saison…. plutôt pour se perfectionner.
– Des « journées »… mais il faut pas se leurrer, ce n’est pas avec 4h de théorie et 4h de pratique qu’on apprend l’apiculture (malheureusement).
– Apprendre auprès d’un « ancien ». Vous n’aurez pas forcément toute la théorie, mais si vous choisissez bien, vous pratiquerez beaucoup ! Complété par de la lecture (pour la théorie), c’est intéressant (à condition de ne pas s’enfermer dans une pratique « parce que Ferdinand, il fait comme ça, donc c’est comme ça qu’il faut faire »)
– Devenir saisonnier (ou stagiaire si vous pouvez revendiquer ce statut), souvent dans une grosse structure qui a besoin de main d’œuvre. Permet de mettre un pied à l’étrier, un cheveu sous la vareuse… directement dans le grand bain ! Très formateur à condition d’être travailleur, si vous bossez bien, le patron pourra vous donner des tâches plus intéressantes au fur et à mesure (notez qu’il ne faut pas espérer beaucoup plus du SMIC, et accepter de faire ce que le chef d’exploitation vous dira de faire, même si vous crevez d’envie de faire autre chose et d’en apprendre plus)

Et j’espère que ce blog pourra également vous être utile !

Dans tous les cas, se former est INDISPENSABLE et PREND DU TEMPS.
Mais on n’a rien sans rien…
(Sinon, l’avenir c’est « Essaimage non contrôlé. Maladie(s). Varroase. Mort…. What else ?« , vous vous rappelez ? 😉)

Vous pouvez également m’envoyer un message à :contact@mesateliersdapiculture.com si vous avez des questions, si vous trouvez qu’il manque un article sur un sujet, etc…

Cette année 2023, je vais vous partager mes objectifs
1. cheptel – miel – santé
2. survivre à une telle saison avec ce super challenge !
😉


Notez que ce blog est ici pour vous partager mes pratiques apicoles, mon savoir depuis 2007, et selon mes propres valeurs (voir paragraphe un peu au-dessus sur les valeurs !). Je ne revendique aucune science infuse ☕, ni même de sagesse particulière. Je n’ai pas le sentiment de détenir la solution à toutes les problématiques du métier…
Mais puisse ce blog vous aider dans vos choix, dans vos prises de décision (même si votre décision est de faire l’inverse de ce que je dis !), alors sa mission, comme la mienne, seront réalisées.


J’exerce l’apiculture depuis 2007, année de mon BPREA (Laval – 53). J’ai ensuite travaillé 4-5 ans avec d’autres professionnels (stages, partenariat, échange de bons procédés…), en parallèle de ma propre exploitation en developpement. J’ai vécu exclusivement de revenus apicoles pendant environ 8 ans (après, la vie a fait que c’était plus simple de faire différemment).
C’est de la richesse de mes expériences dont je voudrais vous faire bénéficier.
Afin d’éviter les pires erreurs que j’ai pu faire, et partager les méthodes qui m’ont le plus réussie.

Avec mes coups de gueule furibonds, mais toute mon affection (c’est que de la gu*ule quand je râle !) et surtout tout mon amour pour le métier et nos chères avettes,

Stellie

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