La visite de printemps est l’une des tâches les plus importantes de l’année pour les apiculteurs. Elle est cruciale pour s’assurer que les abeilles ont encore suffisamment de nourriture pour redémarrer, qu’elles sont en bonne santé t en bon état (la reine, les abeilles, la boîte) et qu’elles se préparent à produire du miel pour la saison à venir. Dans cet article, nous allons examiner ce qu’est la visite de printemps, pourquoi elle est importante et ce qu’il faut faire pour réussir.
Qu’est-ce que la visite de printemps ?
La visite de printemps est une inspection de routine poussée des colonies pour vérifier leur état de santé et leur préparation pour la saison de production de miel. Elle permettra de faire le bilan de l’hiver et de faire le plan d’action pour l’année en cours.
Elle est généralement effectuée lorsque les températures commencent à augmenter au début de l’année, et que les colonies commencent à se développer et à se préparer pour leur croissance printanière. J’en l’ai déjà évoqué, c’est un choix personnel de ne pas avoir encore fait ma visite de printemps (un peu ici, un peu là), j’ai jugé les températures trop basses, et l’idée de devoir me presser le citron en vitesse pour ne pas refroidir le couvain était sur le moment incompatible avec l’apiculture de loisir, de plaisir, que je voulais pratiquer… Du coup j’en suis là : je n’ai toujours rien « fait », je sais que mes ruches légères ont un pain de candi pour patienter en attendant le soleil, j’ai déjà retiré quelques ruches mortes des ruchers, et compté les ruches supposées pleines… Mais c’est insuffisant pour déterminer la force de chaque colonie, et faire mes pronostics pour la saison !
Il est donc important de ne faire cette visite de printemps, ni trop tôt (un coup de froid peut encore décimer des colonies), ni trop tard (comme moi un peu cette année, quand j’ai aussi privilégié ma vie personnelle de rares jours de beau temps où nous avons rendu visite à la famille… Sachant de j’étais enfermée dans un bureau administratif la semaines (les joies de l’apiculteur amateur qui doit avoir un autre métier pour vivre ! ), verdict de ce choix de décision à la visite de printemps prévue demain…).
J’ai aussi prévu un calendrier-météo-travail sur une page à part de ce site (celle-ci, abonne-toi ou écris moi simplement pour récupérer le code !), au lieu d’annoter mes articles lorsque ce n’est pas pertinent !
L’objectif principal de la visite de printemps est de s’assurer que les abeilles vont, bien, qu’elles ont encore des provisions si la miellée n’a pas encore débuté, et estimer la force de la colonie pour la production de miel, d’essaims, etc.
Elle permet également de compter les colonies vivantes, faire des statistiques sur les pertes hivernales, et les prévisions sur l’organisation de l’année.
Enfin, elle permet de vérifier que la reine est en bonne santé et qu’elle pond des œufs de manière régulière.
Préparation pour la visite de printemps
Une visite de printemps se prépare (un peu comme toute visite de ruche !), car cette fois-ci, nous partons avec un objectif précis : l’état des ruches.
Équipement et vêtements
C’est la base, mais assurez-vous que vous avez simplement tout l’équipement nécessaire pour votre visite de printemps. Souvent le matériel est un peu mis de côté pendant le froid…
Vous aurez besoin d’une vareuse, de gants, d’un enfumoir, d’un lève cadre, et de quoi noter vos observations.
Vérifiez que tout votre équipement est en bon état et que vous avez suffisamment de pièces de secours si nécessaire.
Vareuse et gants non troués (et un petit voile de secours, j’en ai en permanence dans le vide poche de la voiture ! et une boîte de gants en latex).
Lève cadres désinfecté (avant j’avais des pastilles de javel et un seau d’eau claire calé dans la voiture, maintenant je désinfecte à la flamme et/ou au gel hydroalcoolique).
Enfumoir « ramoné », soufflet non troué, assez de combustible bien sec et de quoi l’enflammer.
Un crayon qui écrit et du papier, ou une application sur le téléphone mise à jour, ou le crayon qui va bien pour écrire sur les toits… A vous de voir !
Temps et température
Vérifiez les mesures météorologiques pour vous assurer que le temps sera approprié pour votre visite de printemps. Évitez de travailler lorsque la température est inférieure à 15°C, car cela peut perturber les abeilles et ralentir le développement du couvain. En ce 16 avril 2023, certains s’étonnent de trouver des nymphes blanches, parfois étêtées, éjectées de la ruche… Ce sont en fait des nymphes probablement mortes de froid, soit après une visite trop longue un jour trop frais, ou simplement une journée/nuit trop fraiche, la grappe s’est resserrée et le couvain en périphérie de la grappe a pu mourir de froid. Les abeilles, nettoyeuses, évacuent les cadavres comme des déchets.
Notez que c’est bien la température ressentie qui est importante.
J’aime bien imaginer que ça revient à pouvoir travailler plutôt légèrement vêtu sous sa vareuse (alors qu’aujourd’hui, c’est écharpe et manteau, par chez moi !)
« Consommables »
Selon la date et l’état d’avancée des fleurs de la première miellée, assurez-vous que vous avez un peu de candi pour nourrir les abeilles si nécessaire. Ou de sirop de stimulation (et que vous avez hiverné avec les nourrisseurs), de pollen ou autre stimulants si vous tel est votre choix.
Si vous avez utilisé des partitions pour resserrer les colonies, veillez à avoir aussi quelques cadres pour remplacer ces partitions si c’est votre pratique.
Notez que je ne mets pas de partition systématiquement à toutes les ruches, que je suis même plutôt contre cette idée de perdre mon temps à cela sur chaque ruche (opération de retirer le cadre et mettre la partition, puis 6 mois plus tard retirer la partition et remettre un cadre…. Stocker les partitions, stocker les cadres…. Stop ! lol ). Pourtant, certains passent l’année sur 8 cadres, 9 cadres, avec en permanence une partition… Je pense qu’en cas de très forte chaleur, une partition isolante côté sud peut peut-être aider les abeilles, mais pas par chez moi pour l’instant (on en reparle probablement dans 10 ans quand-même ! 😉). D’autres disent de restreindre les abeilles sur 8 ou 9 cadres les oblige à monter plus vite dans la hausse… J’ai la croyance que ça les fait aussi essaimer plus vite !
Bref : chacun fait comme c’est ok pour lui 💛
Que faire pendant la visite de printemps
Lors de la visite de printemps, vous devez inspecter chaque ruche individuellement pour vérifier leur état de santé-maladie et leur état de santé-force de la colonie.
Voici les étapes à suivre pour réussir votre visite de printemps :
Étape 1 : Avant d’ouvrir
Avant d’ouvrir la ruche, une fois que la vareuse est hermétique, l’enfumoir bien allumé, le crayon dans la poche, et armé de votre lèvre cadre, vous pouvez enfumer l’entrée de la première ruche.
Ensuite, ouvrez le toit, et soulevez ou décollez délicatement le couvre cadres, enfumez sans délai d’une fumée légère pour repousser les abeilles et accéder aux cadres, tout d’abord en visuel.
Étape 2 : Vérifier la nourriture
Vérifiez par le dessus et à l’œil nu les réserves alimentaires de la ruche. Si les abeilles semble un peu à cran, cherchez à voir entre les cadres s’il reste un peu de miel operculé. S’il n’y en a pas, elles sont surement en famine… Nourrissez-les rapidement, et modérément afin qu’elles aient consommé l’apport avant la miellée. Le plus simple étant de donner un petit peu et de repasser régulièrement, ou de donner généreusement et de venir tout ôter rapidement à l’approche de la miellée. (Personnellement, je préfère l’option 1 afin de moins gaspiller de candi, et je les laisse tranquille, affamées, elles sont souvent très agressives)
Si vous pouvez voir du miel operculé sur le haut des cadres, qu’en soupesant la ruche elle n’est pas trop légère, alors on peut ouvrir.

Étape 3 : Observer les cadres un à un
Pour ouvrir ma ruche, je décale toujours le cadre 2 vers la gauche, et le cadre 4 vers la droite, donnant plus d’accès au cadre 3.
Peu importe l’ordre dans lequel je les observu, il importe surtout que je les remette dans le même ordre. En appliquant toujours le même procédé, il est facile de prendre l’habitude de sortir les cadres dans l’ordre 3-2-1-4-5-6-7-8-9-10. Et de les remettre dans le bon sens en les rangeant.
Observer les provisions sur tout le cadre.
Les cadres de rive (1-2-(3) et (7)-8-9) contiennent généralement encore du miel avant l’explosion de la colonie dont le couvain peut alors occuper 8, 9 ou les 10 cadres. Si je vois qu’il y a même a priori trop de miel, que ça peut bloquer la ponte, ou gêner la récolte si elle arrive vite, alors je trace des sillons affleurants dans le miel avec mon lève-cadres afin de le désoperculer le miel et inciter les abeilles à vider les alvéoles de ce vieux miel souvent cristallisé.
Si une miellée est en cours, vous devez voir une grande quantité d’alvéole brillantes de nectar à l’intérieur.
Observer le couvain, chercher la reine
Comme tout au long de l’année, le couvain doit être d’une belle couleur, d’une belle odeur, homogène et compact.
La reine doit se trouver sur un cadre de couvain en cours de ponte.
Ei elle n’est pas marquée, c’est le moment de le faire ! (voir article ici)
Si vous ne l’avez pas trouvée du 1er coup, refaites un passage pour la chercher sur chaque cadre en les remettant en place.
Si elle se cache… Ne refroidissez pas le couvain plus longtemps, notez que vous ne l’avez pas vue, ce sera pour la prochaine fois !
Vous pouvez noter sur votre suivi :
– le nombre de cadres de couvain de la ruche (vous pouvez compter un-demi cadre si ça ne dépasse pas une surface de main, histoire de ne pas mettre une ruche sur 4 demi-cadres de couvain au même level qu’une ruche sur 4 cadres d’un bord à l’autre !!)
– si vous avez vu la reine et sa couleur
– des critères qui vous semblent important : beaucoup de propolis, très douce, bonne nettoyeuse selon l’état du plancher, présence de varroa, de nosémose, de mycose… (l’article sur les maladies est là) etc… Il est recommandé de leur mettre une note par exemple sur 5.
Vu que tous les cadres nous passent dans les mains, c’est donc aussi le moment de contrôler les varroas.
1 varroa visible, c’est 10 varroas cachés…
Certains traitement peuvent se faire toute l’année quelles que soient les températures… Mais notez que le couvain fermé reste hermétique aux traitements ! Il faudra donc peut-être le renouveler, et dans la majorité des cas le retirer avant de mettre la hausse (vous référer à la notice et au délai indiqué avant de pouvoir remettre une hausse !!).
Si vous avez l’occasion d’utiliser d’autres moyens de contrôle du varroa, c’est aussi le moment ! Histoire de commencer l’année du bon pied ☺
Étape 3 : Vérifier la ruche (boîte)
C’est un moment intéressant pour changer les ruches qui tombent un peu de sciure, les cadres qui ne tiennent plus droit, qui sont noirs, et les plancher qui sont bons à nettoyer (surtout s’ils sont pleins).
A ce niveau là, je ne suis pas la meilleure élève, car je ne nettoie mes planchers entièrement aérés que lorsque que je vide la ruche. A côté de ça, l’hygiène est impeccable, car si tout n’est pas bien rangé, je ne laisse passer aucune maladie.(voir article ici)
Après l’inspection, Je rappelle encore qu’il est important de noter toutes les observations dans un cahier d’apiculture. Cela permet de suivre l’évolution de chaque ruche et de prendre des décisions éclairées pour les inspections suivantes et les actions qui en découleront.
Il est également important de noter les traitements et nourrissements effectués.
Le cahier d’apiculture
Il s’est largement et heureusement vulgarisé depuis ces dernières années.
J’utilise personnellement une simple feuille google Sheets, et j’y note mes interventions les unes à la suite des autres, en notant la date et le rucher dans les premières colonnes, puis les éléments de mon intervention dans les colonnes d’à côté.
Voici la liste non exhaustive de ce que peut/doit contenir un cahier d’apiculture :
Des informations sur le rucher : localisation, nombre de ruches, date d’installation, date de visite si pour le rucher entier, caractéristiques de situation (orientation, ensoleillement, vents…), présence de frelon asiatique et moyens de lutte, les informations générales (rucher à débroussailler)

Des informations par ruche : numéro de ruche, informations sur la reine, son âge, sa race, la douceur, la tendance à propoliser, la force de la colonie, la présence de mâles, les observations au trou de vol, ou lors une visite, la date si cette visite ne concerne pas tout le rucher, les traitements effectués, les dates de la pose des hausses, la date de récolte et les quantités récoltées, les dates d’essaimages éventuels, les nourrissement (quoi, combien, quand)…
Et tout ce que vous pourrez juger utile !
Pour conclure, la visite de printemps est une étape cruciale pour assurer la santé et la productivité des ruches. Il s’agit de prendre le temps de vérifier chaque colonie, un peu comme un bilan de santé annuel.
Cette visite spéciale permet de déterminer l’état de la colonie, de prendre des mesures pour prévenir les maladies et les parasites, et de planifier les prochaines étapes de l’année apicole. Il est important de suivre les bonnes pratiques d’apiculture et de se protéger avec une tenue adaptée pour éviter les piqûres d’abeilles. Une fois la visite de printemps terminée, il ne faut pas oublier de prendre soin de son équipement d’apiculture et de se préparer pour les prochaines inspections et récoltes à venir.
En fonction des informations recueillies lors de la visite de printemps, l’apiculteur va pouvoir déterminer plus précisément ses objectifs de l’année.
J’ai d’ailleurs bien hâte de découvrir demain, avec qui je commence l’année 2023 et d’établir un plan théorique de ce que j’aimerais avoir réussi d’ici la fin de l’année !
Ouvrons les pronostics… A quoi je m’attends ?
Qu’est-ce que j’espère ?
Que vais-je faire ensuite, comment je vais gérer avec ce que je vais découvrir ?!
