Lorsqu’on démarre l’apiculture, il faut à un moment ou un autre acquérir ses premières abeilles.
La solution pour récupérer un essaim, que vous décidiez de l’attirer ou de le capturer, est indéniablement la moins onéreuse.
Voyons cela sous plusieurs angles d’approche !
L’essaimage (rappels)
Tout d’abord un point sur l’essaimage.
C’est le mode de reproduction de l’abeille (abeille domestique, seule objet de ce blog 😉 ) .
Dans la nature, des abeilles sont installées généralement disons dans une cavité. Les abeilles ont construit des rayons de cire, les ont garnis de miel et de pollen, et une reine y pond ses œufs pour fabriquer de futures abeilles. Selon des paramètres encore mal connus, mais souvent lorsque l’espace est occupé par une foule compacte d’abeilles, celles-ci se mettent à élever de nouvelles reines.
Les reines abeilles sont simplement de jeunes larves (ordinaires) qui sont nourries toute leur vie à la gelée royale, tandis que les larves d’abeilles sont nourries à la gelée royale pendant les 3 premiers jours seulement, puis avec un mélange de miel et de pollen. N’importe quelle jeune larve de moins de 3 jours a donc tout le potentiel pour devenir une reine.
Lorsque le volume est rempli, la reine a plus de difficulté à se déplacer dans toute la colonie. Il a été émis l’hypothèse que la perdition de ses phéromones sur les rayons où elle passe donc moins souvent, incite les abeilles à élever de nouvelles reines.
Par précaution, les abeilles ne se contentent généralement pas d’élever une seule reine.
Peu de temps avant la naissance de la première nouvelle reine, par une belle et chaude journée, la vieille reine va quitter la ruche avec la moitié des abeilles gavées de miel. Elle laisse à sa reine-fille l’autre moitié des abeilles, les provisions de la ruche, et tout le couvain.
La nature regorge donc de beaucoup d’essaims naturels, également appelé essaim sauvage. Ils peuventt effectivement provenir d’on ne sait où…
Et dans le cas où un essaim provient d’une ruche qui a un propriétaire, l’essaim cesse d’appartenir à l’apiculteur dès qu’il sort des limites du terrain.
La loi dit que l’essaim appartient d’abord à celui qui le poursuit, ensuite au propriétaire du terrain où il se pose….
Avantages et inconvénients
L’avantage le plus notable est son coût, bien que j’ai pu voir de tout.
Certains avares vont même jusqu’à faire payer l’enlèvement d’un essaim, récupérant les abeilles, et de l’argent.
D’autres plus généreux vont récompenser les propriétaires du terrain avec un pot de miel.
La « moyenne » qui me semble acceptable ne fait pas intervenir d’argent : le propriétaire est content de se débarrasser de l’essaim sur son terrain, et l’apiculteur, qui a fait le déplacement (et parfois plusieurs) (ou parfois pour rien) repart avec de nouvelles abeilles. Tout le monde est quitte !
Récupérer un essaim dont on ne connaît pas la provenance comporte un risque sanitaire. Ce risque est mince, mais suffisant pour le notifier. Si cela est possible, un petit traitement anti-varroa pour accueillir les nouvelles venues peut s’avérer judicieux.
Le risque le plus évident, c’est qu’on ne sait pas ce qu’on récupère.
Déjà, les gens ne savent pas vraiment toujours bien estimer le volume des abeilles. Ils peuvent donc aussi bien vous appeler pour un énorme essaim qui tiendra difficilement dans une ruche, ou pour une petite grappe d’abeilles qui va faire peau de misère dans une petite ruchette…
Ensuite, à moins d’avoir un gros apiculteur sélectionneur ou multiplicateur (définitions dans cet article) à côté de chez soi, il est plus probable que vous alliez récupérer un essaim d’origine totalement inconnu. Et ce peut être une souche agressive, essaimeuse, sensible aux maladies, etc. etc. (ou bien sûr, au contraire, une super reine absolument géniale, aux abeilles douces et qui vont vous produire beaucoup de miel. Mais c’est quand-même plus rare !)
Techniques
Essaim à hauteur d’homme
C’est le cas idéal. Vous arrivez avec votre boîte (en général c’est quand-même souvent une ruchette), vous l’ouvrez et l’insérez délicatement sous les abeilles, puis vous les faites tomber dedans. Si ce n’est pas déjà le cas, vous installez la ruchette au sol, et attendez patiemment que ces demoiselles finissent de rentrer à pieds.
Notez qu’il est possible de devoir attendre la nuit tomber pour les avoir à peu près toutes dans la ruchettes. Vous pouvez bien-sûr ne pas vous éterniser et repartir avec toutes celles qui auront eu la décence de rejoindre leur reine… C’est un choix à faire (au risque qu’on vous rappelle le lendemain pour « un autre » essaim, alors que ce sont justes les malheureuses qui ont raté le départ, qui se regroupent désespérément où était posé l’essaim… Vous pouvez refaire un trajet pour récupérer ces abeilles retardataires, ou expliquer au propriétaire que les abeilles seront « parties » d’ici quelques jours -mais elles seront probablement mortes, bien que la littérature évoque que ces abeilles « perdues » sachent retourner à la ruche qu’où elles proviennent… ?).
Bref, c’est le cas idéal, où la plus grande partie du temps sera passée à faire de la pédagogie avec le proprio du terrain le temps que les abeilles entrent dans la ruchette. (Et ceci peut prendre un temps tout à fait variable, étant donné qu’on ne sait rien du caractère de ces abeilles « sauvages »).
« A l’ancienne », il est possible de recouvrir le sol avec un drap blanc pour que les abeilles aient plus facile à trouver la ruche (parmi toutes celles qui tombent à côté de la ruche, un grand nombre s’y rend finalement « à pieds » !). J’avoue ne jamais m’embêter avec ça….
Essaim en hauteur
Si vous avez encore un peu de chance, il suffira d’un escabeau ou d’une petite échelle pour aller récupérer un essaim en hauteur.
Avec un peu plus de chance, c’est le propriétaire du terrain qui vous prêtera son échelle !
Avec encore un peu de bol, le propriétaire vous aura informé que l’essaim est à 3m de haut, ou vous aurez pensé à lui demander ! 😉
Le principal obstacle consiste à réussir à caler la ruchette… C’est parfois assez bancal, ou assez sportif… Mais bon, tant que ça tient, au moins le temps de récupérer la plus grosse partie de l’essaim, c’est l’essentiel !
On zappe malheureusement facilement l’étape qui consiste à patienter le temps que tout le monde rentre… devant le risque que tout ce casse la figure…
Sinon, c’est tout pareil qu’un essaim à hauteur d’homme : on fait tomber le gros du paquet d’abeilles dans la boîte, on referme au 3/4 le couvre-cadre (sauf pluie prévue), on attend qu’elles aient fini de battre le rappel, et on peut repartir !
Si elles tardent (ce qui est généralement le cas), l’idéal est de pouvoir laisser la ruchette à l’ombre, et revenir le soir venu quand elles sont toutes rentrées.
Partage d’expérience mémorable :
Quand je suis montée sur l’échelle des pompiers pour accéder à une hauteur équivalente à un 3ème étage… Je tremblais tellement que je faisais trembler l’échelle ! Il m’a fallu énormément de concentration pour oublier le vide 😅
J’ai préféré l’escabeau des pompiers quand, en plein centre-ville sur un arbre le long de la voirie, j’ai volé au secours d’un essaim menacés de destructions par les pompiers alors appelés à la rescousse. Ce n’était absolument pas prévu, et j’ai travaillé sans aucune protection… et tout s’est parfaitement bien déroulé ! Heureusement que j’ai toujours tout un tas de bric-à-brac dans mon véhicule, j’ai pu faire tomber les abeilles dans un seau en plastique de 30 litres, que j’ai ensuite recouvert d’un tissus tenu par une sangle le temps de rentrer (pour vous dire qu’on se fiche du contenant, tant que ça respire et que ça ne dure pas trop longtemps. Il suffit ensuite de « verser » l’essaim dans une ruchette, et hop).
Essaim peu accessible
Certains propriétaires font appel à un apiculteur pour des ruches sous les tuiles, dans les cheminées…
Certains s’y collent, mais je trouve que le risque n’en vaut souvent pas la chandelle…
Il faut même parfois du matériel tel qu’un aspirateur à abeilles…
Un cueille-essaim reste un investissement intéressant, bien qu’il faille encore pouvoir se promener avec un manche télescopique adéquat de la bonne longueur et assez résistant pour supporter le poids de l’essaim.
Dans tous les cas, prenez vos précautions pour ne pas vous blesser évidemment.
Essaim déjà installé
Ce n’est pas si rare, il arrive que des propriétaires se rendent soudain compte qu’il y a des abeilles chez eux…. depuis longtemps !
Malheureusement, il y a souvent de la casse…..
Mon expérience avec les essaims installés :
J’ai un jour récupéré un essaim dans un plafond. Pied de biche et autres outils ont été nécessaires pour récupérer cet essaim in extremis dans une maison en cours de démolition. Nous avons (la propriétaire et moi) même dû casser le plafond sur toute la longueur de la pièce car la reine s’était fait la malle avec notre boucan…
Une autre fois, le propriétaire m’a autorisé à délatter un chalet en bois pour récupérer les abeilles dans un mur (cette expérience était cependant intéressante car j’avais de l’aide : une personne munie d’un bac pour récupérer les constructions avec du couvain, une autre avec un saladier pour les rayons de miel, le tout pas trop haut)
L’année précédente, je ruinais une vieille moquette en récupérant des abeilles derrière un volet depuis l’intérieur au 3è étage d’une maison.
Dans tous les cas, ça a été trop souvent une réelle galère, pour ne récupérer qu’un peu de couvain, et le faire difficilement tenir dans un cadre (et perso, ça n’a jamais voulu tenir… je n’ai peut-être pas la bonne technique !), essayer de ne pas noyer trop d’abeilles dans le miel ni d’en coller partout, y passer un temps considérable, prier pour trouver la reine, ne pas l’écraser ni la laisser échapper…. J’y ai toujours passé un sacré paquet d’heures !
Je garde cette option pour les cas où il en va de vies humaines en jeu, ce qui est quand-même rarement le cas, mais perso, je n’ai jamais vraiment récupéré d’essaim viable à l’issue de ces opérations…
Comptez que l’intérêt aussi de l’essaim, réside dans si fièvre d’essaimage. Il est alors très enclin à étirer des cires en quelques jours. Ce qui n’est plus le cas d’une colonie déjà installée qu’on va sérieusement désorganiser.
Ruches et ruchettes pièges
Si tu ne vas pas à l’essaim, laisse l’essaim venir à toi.
On pourrait en faire une devise !
Une méthode encore plus simple mais nettement plus hasardeuse consiste à disposer des ruches-pièges ou des ruchettes-pièges « quelque part », en espérant qu’un essaim vienne s’y installer.
Pour plus de réussite, il est assez indispensable d’utiliser du matériel qui a déjà servi : l’odeur de la cire et de la propolis étant de très puissants attractifs pour les abeilles !!
(Note : je n’ai jamais utilisé de produit (« attire-essaim », phéromones…) pour attirer les abeilles. Selon diverses sources, c’est couteux, et peu efficace.)
L’article sur ➡ les ruche(ttes) pièges ⬅
Partage de mes expériences :
J’ai attrapé des essaims sur le rebord d’une fenêtre (2 fois, sur la même fenêtre au 1er étage de la maison que je louais, la ruchette sanglée et la sangle coincée dans l’embrasure de la fenêtre pour éviter une chute)
J’ai attrapé un essaim (1 fois) dans une ruchette que j’avais descendue de la voiture et posée devant le garage en attendant d’être rangée… Pas eu le temps de la ranger, elle a été squattée entre temps !
J’attrape toujours quelques essaims dans les ruches et ruchettes vides que je laisse dans mes ruchers.
