Il existe à la fois peu, mais finalement toujours beaucoup trop de maladies des abeilles.
Tout d’horizon, car il est essentiel de savoir en reconnaître les premiers signes pour agir le plus vite possible.

Je vais ici les distinguer les maladies, causées par des virus ou des bactéries, voire un champignon., des autres ennuis qui peuvent arriver aux abeilles.
Je vous parlerai dans un autre article des prédateurs.

Notez que la législation évolue régulièrement, et que certaines maladies doivent être déclarées aux autorités compétentes (Direction des Services Vétérinaires, Observatoire des Mortalités et des Affaiblissement des abeilles… Commencez par votre syndicat apicole local si vous ne savez vraiment pas !).
Comme cette liste des maladies à déclarer peut évoluer, je ne l’évoquerai pas volontairement. Mon but est de vous lister celles que vous êtes probablement le plus à même de rencontrer…
Commençons par le début :
La nosémose, Nosema apis et Nosema ceranae
C’est une sorte de gastro-entérite de l’abeille.
Celle-ci ne pouvant se « retenir », lâche ses excréments très liquides dans la ruche et sur les parois de l’entrée de ruche.
Elle est provoquée par un minuscule champignon qui se reproduit dans les cellules intestinales, causant leur lyse et les conséquences que l’on connaît : la diarrhée.
DIAGNOSTIC : souvent trop tard car possiblement asymptomatique…
CAUSE(S) POSSIBLES OU AVEREES : certaine causes favorisantes sont l’hivernage sur miellat, une météo défavorable aux vols de propretés réguliers, un emplacement trop humide, trop peu de pollen de mauvaise qualité
TRAITEMENT : aucun. Vous pouvez toujours tenter de retirer tous les cadres souillés (ça veut souvent dire : mettre les abeilles sur des cires neuves dans une nouvelle ruche), nourrir avec des aliments « sains ».
CONTAGION : très forte. La nosémose étant malodorante, les abeilles du voisinage viennent rarement piller ces ruches (ouf!)
Voici un article qui en dit très long sur le sujet de la nosémose : Ici
La loque européenne
Cette maladie est causée par une bactérie et affecte essentiellement les larves. Vous voyez des larves mortes, rabougries au fond de leur cellule, marron, puantes (odeur vinaigrée), et si vous les « triturez » avec un minuscule bâton (test de l’allumette), ça ne « file » pas, il n’a pas de « bave » qui s’étire entre le bâtonnet et le cadavre.
DIAGNOSTIC : lors de la visite, à l’odeur vinaigrée, inhabituelle, dès l’ouverture de la ruche, ou à l’aspect du couvain.
CAUSE(S) POSSIBLES OU AVEREES : souche insuffisamment résistante
TRAITEMENT : Après passage d’un vétérinaire : administration d’antibiotiques (et non commercialisation d’un éventuel miel, mais la ruche est en général trop faible). Le remplacement de la reine est largement préconisé.
Je vous recommande aussi de retirer les cadres de couvain contaminés (ça veut souvent dire tous les cadres de couvain sans exception).
Désinfectez votre matériel avant d’ouvrir une autre ruche, désinfectez la ruche contaminée sans délais, brûlez les cadres malades sans état d’âme.
CONTAGION : possible. Il est important de ne pas disperser les abeilles de la ruche touchée. Un rucher de quarantaine, éloigné, est à envisager (à plus de 3km !).
Voici un article qui en dit très long sur le sujet de la LE : Ici
La loque américaine
Cette maladie bactérienne est une des plus contagieuse qui soit. Elle affecte les larves des abeilles et peut entraîner la mort de toute la colonie… Et des voisines !!!
Elle est dans la liste des maladies à déclaration obligatoire, et je le mentionne car elle ne semble pas prête de la quitter….
DIAGNOSTIC : lors de la visite, à l’odeur de pourriture, inhabituelle et différente de la loque européenne, dès l’ouverture de la ruche, ou à l’aspect du couvain.
CAUSE(S) POSSIBLES OU AVEREES : souche insuffisamment résistante, mauvaise alimentation, mauvaises pratiques apicoles, ruche aux alentours contaminée…
TRAITEMENT : Voir un vétérinaire spécialisé sans délai. Contactez votre GDS (groupement de défense sanitaire), votre syndicat…
N’attendez pas, vous risquez de contaminer l’ensemble de vos ruches, celles de vos voisins…
Désinfectez très fort votre matériel avant d’ouvrir une autre ruche.
CONTAGION : très aisée. Il est important de ne pas disperser les abeilles de la ruche touchée. Sans contact (un dimanche par exemple) fermez la ruche le soir-même quand toutes les abeilles sont rentrées, et déplacez-la sur un rucher de quarantaine le plus loin possible de n’importe quelle ruche du voisinage.
Voici un article qui en dit très long sur le sujet de la LA : Ici
La varroase, Varroa destructor
Bien que causée par un parasite (acarien), ce mal est catégorisé dans les maladies. En effet, les abeilles ne meurent pas vraiment directement du varroa, mais de tout ce qui en découle. Affaiblissement car l’acarien se nourrit de l’hémolymphe (équivalent du sang) des abeilles. Les abeilles n’étant pas dotée d’une peau qui peut cicatriser, mais de chitine qui se trouve « trouée » par le varroa, cette sorte de plaie béante est une voie pour toute sorte de virus.
Il se développe dans le couvain operculé. Le couvain de mâle mettant plus longtemps à arriver à maturité, c’est un terrain de multiplication très attrayant pour le varroa, qui peut avoir quelque cycles de reproduction supplémentaire lorsqu’il s’introduit sous une nymphe de mâle juste avant l’operculation de la cellule.
DIAGNOSTIC : aspect des abeilles aux ailes déformées, couleur des abeilles « sombres et brillantes » qui ont perdu tout leur duvet de poils, et d’autres symptômes selon les virus (Ce sont les symptômes qui sont le plus vus, mais vous pouvez lire l’excellente référence de ce site pour découvrir les autres virus concernés)…
On peut également compter les chutes naturelles de varroa, ainsi que les chutes pendant un traitement, en graissant un lange, afin de « coller » les varroas et pouvoir les compter. On s’arrangera pour que les abeilles n’y aient pas accès/ne puissent pas le nettoyer.
CAUSE(S) POSSIBLES OU AVEREES : souche insuffisamment nettoyeuse (problème de sélection), absence de traitement ni mécanique ni chimique pour réduire l’infestation (possible dans un rucher voisin).
TRAITEMENT : il en existe plusieurs … Apivar, Apiguard, thymovar… Les molécules sont : amitraze, acide formique, acide oxalique, thymol ou d’autres. Généralement en lanières mais également en fumigation, ou en solution….
Il peut être intéressant de vos rapprocher du syndicat de votre département. Vous pourrez bénéficier de tarifs avantageux et de leur expérience en la matière.
Faites un contrôle régulier.
Traitez en dehors des miellées.
Traitez lorsqu’il y a le moins de couvain possible car les traitements sont généralement totalement inefficaces sur le couvain operculé.
En traitement mécanique, je vous indiquais précédemment que le varroa affectionne particulièrement le couvain de mâles où il se reproduit lui-même en plus grand nombre. Vous pouvez avantageusement laisser les abeilles construire tout, ou une partie, d’un cadre de rive. Elles vont faire des cellules de mâles (plus grandes). Une fois le cadre pondu par la reine, puis arrivé au stade de couvain de mâle operculé, vous pouvez retirer le cadre et le détruire (assez loin des abeilles qui peuvent se trouver attirées par l’odeur, pas besoin de les recontaminer !). Vous supprimez ainsi une génération de varroas.
D’autres techniques incluant le blocage de ponte de la reine, afin de ne plus avoir de couvain operculé pendant l’opération de traitement chimique, est controversé…. Il engendre certes des résultats, mais engendre un stress à la reine, et à la colonie qui se trouvé désorganisée. Vous perdez également les abeilles qui ne naîtront pas du fait de l’enfermement de la reine…
CONTAGION : Oui.
Le couvain plâtré ou ascophérose, Ascosphaera apis
Etrange nom qui désigne les larves momifiées, d’une maladie fongique.
Les momies peuvent être blanches, noires, ou un peu blanches et noires. La couleur dépend simplement du cycle de reproduction du champignon. Au départ la momie est blanche, mais s’il y a reproduction sexuée en cours de route, alors la momie prendra une teinte noire.
Voici un article qui en dit très long sur le sujet du couvain sacciforme (encore un autre nom à cette même maladie !) : Ici
DIAGNOSTIC : totalement visible à l’oeil nu, on pour voir les momies dans le cadre, sur le plancher, ou devant la ruche, selon la proportion de gène « nettoyeuse » chez les abeilles.
CAUSE(S) POSSIBLES OU AVEREES : reine contaminée
TRAITEMENT : changer la reine.
CONTAGION : rare.
Il existe d’autres maladies, comme l’acariose (Acarapis woodi), mais je n’ai réellement jamais entendu parler de cas au cours de ma vie apicole, soit depuis 2007 !
Il est important de noter que la prévention est la clé pour éviter les maladies des abeilles. Les apiculteurs doivent s’assurer que leurs ruches sont propres et bien entretenues, et qu’ils utilisent des pratiques d’apiculture respectueuses des abeilles, un matériel propre (le lève-cadre et les gants qui touchent les cadres en tête de liste, mais la vareuse également ; pensez que vous touchez aussi votre enfumoir avec vos mains possiblement contaminées).
En cas de maladie, il est recommandé de consulter un vétérinaire spécialisé en apiculture pour obtenir des conseils sur les traitements appropriés. Des agents sont également disponibles dans la plupart des départements (les anciens ASA – agents sanitaires apicoles, désormais TSA – techniciens sanitaires apicoles)
Pour terminer, un tout petit mot tout de même sur Tropilaelaps clarae. C’est autre acarien et sorte de cousin de varroa, et sur lequel vous pouvez trouver un peu de lecture ici. Hé bien nous avons l’immense plaisir, en France (et en Europe aux dernières nouvelles), de ne pas accueillir sur nos territoires !
Choix personnel, j’ai mis le frelon asiatique et le petit coléoptère de la ruche, Eethina tumida, dans l’article sur les prédateurs.