Dans la suite de mon article sur le matériel à l’atelier (ici), et celui sur le matériel de rucher (ici), aujourd’hui, on va à la miellerie !
Visite virtuelle et théorique dans cet article, parsemé de mon expérience et ce qu’on trouve dans la miellerie !
Journal d’état des lieux
Un petit point quotidien parce que c’est super important 😉
En ce samedi 15 avril : toujours la même sauce ! Vent, soleil, pluie, et de 4 à 12°C sur la journée…
L’apiculture est une activité plutôt solitaire, ou de petit comité. Mettez cependant 2 apiculteurs ensemble, et ils peuvent tenir plusieurs heures à refaire le(ur) monde ! J’ai donc appris hier ce que je craignais : par ici, les premiers mâles sont nés depuis le 10 mars, et sont donc matures depuis le 25 mars !
Ca va très vite essaimer !!
Je vais donc commencer mon élevage dès lundi 17 avril de toute urgence, avant même la visite de toutes les ruches.
Donc aujourd’hui, un article sur le matériel de miellerie (et après je file finir de préparer des cadres pour lundi !!!).
Avoir une miellerie
Avoir une miellerie est un luxe que tout le monde ne peut pas me permettre. Souvent, l’apiculteur va réquisitionner un coin de la maison. Souvent la cuisine pour bénéficier d’un point d’eau. Le plus simple est de bâcher toutes les surfaces. Entre la propolis qui ne manquera pas de s’incruster dans le carrelage, et les gouttelettes de miel qui s’éjectent naturellement de l’extracteur… Le garage reste une alternative intéressante, pourvu qu’il soit propre et qu’aucune abeille (ou guêpe ou frelon…) ne puisse y entrer le temps de l’extraction !
Notons que l’extraction des cadres ou des barrettes n’implique pas du tout le même matériel ni le même travail !
Une miellerie pour extraire le miel des cadres d’une Warré ou d’une Kenyane
Désoperculer les cadres
Ca peut sembler évident pour certains, mais il faut bien désoperculer les cadres pour en extraire le miel.
Les 2 côtés.
Sur toute la surface operculée.
C’est l’opération qui consiste à ôter la fine couche de cire qui recouvre le miel.
Pour cela, nous avons besoin d’un couteau à désoperculer ou une herse à désoperculer (ou encore une machine) et d’un bac à désoperculer. (Oui, le vocabulaire de l’apiculture ne laisse parfois pas de doute sur l’utilité des choses !).
Il y a quelques couteaux sensiblement différents :
- celui qui coupe des 2 côtés de la lame ou d’un seul côté
- et le couteau cranté ou lisse.
- Et enfin, le manche carré ou rond.
J’ai toujours utilisé un couteau, j’en ai plusieurs afin de ne pas perdre trop de temps au nettoyage (j’utilise celui qui est sec), et de pouvoir extraire à 2 en même temps.
Ils coupent tous les 2 sur les 2 côtés de la lame. L’un est lisse à manche rond, l’autre cranté à manche carré.
En réalité, celui à manche rond glisse quand la main est enduite de miel (dès qu’on touche un cadre ^^), mais celui qui est cranté ne s’aiguise pas…
Mes opercules tombent dans un bac à désoperculer juste en dessous. Celui-ci est directement relié au système qui va en extraire un maximum de miel d’opercules. Généralement, ce miel rejoint le miel de l’extraction des cadres.
Le miel de calune (variété de bruyère) fait exception, car il nécessite une picoteuse pour extraire le miel. (Il n’y en a pas dans les terres calcaires de la Marne, aussi… voyez avec quelqu’un qui s’y connait !)
Le bac à désoperculer
Combiné ou non, à la base c’est un simple récipient où tombent les opercules pleins de miel avant traitement. Les plus simples sont en plastique. Les plus complexes, comme dans une chaîne d’extraction, permettent à l’apiculteur de ne quasiment pas avoir à y toucher dans tout le processus d’extraction.
Pour la désoperculation manuelle (que l’on voir quasiment chez tous les api non professionnels 😉), le bac à désoperculer sera idéalement toujours muni qu’une traverse et d’un clou pour y poser le cadre pendant la désoperculation. Le clou permettant de faire tourner le cadre sur lui-même pour désoperculer chaque côté plus facilement.

(photo journal l’Union 07 juin 2017)
Traitement des opercules
Les opercules pleins de miels sont à traiter dans les mêmes délais que l’extraction.
L’opération de traitement des opercules consiste à extraire un maximum de miel d’un côté, et la cire de l’autre. Cette cire est précieuse car elle est très propre (peu de résidus de traitements chimiques agricoles ou apicoles). C’est elle seule qui servira à produire de la cire gaufrée pour les années suivantes.
Il existe plusieurs systèmes pour traiter les opercules, par ordre d’efficacité :
- chauffage : les opercules sont chauffés doucement, de manière à séparer le miel, qui devient très fluide et s’écoule vers le fond du bac chauffant, de la cire qui va former une barrière protectrice au dessus du miel, et se durcir à l’arrêt du chauffage. Ce système permet d’obtenir du miel d’un côté, et si on a bien respecté la température, il n’est pas « cramé » ni dénaturé ! Et de l’autre un bloc de cire d’opercules propre, prêt à aller chez les cirier ! (Nota : il est possible qu’il faille passer 2 fois la cire à la chaudière si elle n’est pas assez pure, par exemple avec trop de propolis dedans, ou des petits débrits…).
Un cérificateur solaire peut tout à fait compléter un pressage manuel. La chaudière à cire peut également compléter un système de pressage ou d’essorage ; elle devient indispensable pour couler des blocs de cire en quantité (la casserole ménagère finit toujours par trouver ses limites ! … Et la cuisine aussi) - essorage ou pressage avec outils : ces outils sont disponibles dans le commerce. Pour l’essorage, c’est un système de centrifugation très rapide dans un filet qui retient la cire et qui laisse s’écouler le miel. Pour le pressage, vous avez des pressoirs manuels (le même que pour faire du jus de fruits !), ou le système de vis-sans-fin.
- pressage manuel et/ou décantation : idéal quand on a le temps ! Ces systèmes permettent de ne pas investir du tout dans du matériel. La passoire et un grand récipient type cocotte suffisent largement. Il va de soi que la quantité de miel récupérée avec ces méthodes laissent beaucoup de miel parmi les opercules. Il sera intéressant de redonner à lécher aux abeilles dans des nourrisseurs (afin d’éviter le pillage des abeilles elles-mêmes, et le nourrissage des guêpes, frelons….)
J’ai eu l’opportunité de trouver à acheter d’occasion un bac à désoperculer monté sur une vis sans fin. C’est ce que j’utilise depuis que j’ai une miellerie !
Le tourniquet
Elément facultatif !
Il est pourtant utile pour ne pas rester les bras ballants en attendant l’extraction des cadres…
Un simple bac aux dimensions de cadres (ils ne doivent pas toucher le fond) permet aussi de stocker les cadres qui viennent d’être désoperculés en attendant la fin de l’extraction déjà en cours.
Plus vous salirez de matériel, plus vous perdrez de miel (qui tartinera le matériel) et plus il faudra nettoyer d’ustensiles !
L’extracteur
Il peut être radiaire ou tangentiel, convenir à tous les types de cadres ou être spécifique de certaines dimensions… Et enfin, être manuel ou motorisé (et même en triphasé ou monophasé ! ).
Aujourd’hui, la loi impose qu’ils soient inox, ou galvanisés recouverts de peinture alimentaire.
Dans les exploitations que j’ai pu visiter (et où souvent où j’ai travaillé !), la plupart des mielleries contenaient 2 extracteurs électriques. J’en ai moi-même 2. Un 20 cadres et un 24 cadres. Cela permet : d’en avoir toujours un, même en cas de panne, de n’en utiliser qu’un en cas de petite miellée, de répartir mes cadres car un seul possède un variateur de vitesse (idéal pour les cadres fragiles par exemple).
Je ne saurais vous recommander l’utilisation d’un extracteur électrique. Pour la contenance, voyez avec vos objectifs de cheptel (inutile de prendre un « 4 cadres » si vous prévoyez de tourner à 20 ruches dans peu de temps, vous allez y passer vos nuits !) et les recommandations des fabricants.
Ma miellerie, avec ses 2 extracteurs totalisant 44 cadres, peut convenir jusqu’à 500 ruches
Le bac centralisateur
C’est le bac dans lequel coule le miel qui sort de l’extraction.
On peut y adjoindre à ce moment-là le miel du traitement des opercules.
Avoir à cette étape un bac centralisateur permet un premier filtrage des « opercules égarées » et autres impuretés (abeilles, pattes d’abeilles…) qui auraient pu arriver jusque là.
Certains ont des systèmes de grilles pour faciliter le nettoyage du miel.
Il en existe là aussi de toutes tailles, tous les budgets….
J’utilise un tamis à grosse maille (trous de 5mm) en sortie d’extracteur, placé directement dans le bac centralisateur, le tout en « » »système vertical » » » : le bac à désoperculer se trouve au dessus de la vis sans fin, elle-même au dessus du bac centralisateur.
Les extracteurs sont de part et d’autre du bac centralisateur et s’écoulent dans un tamis placé dedans.
La pompe à miel
Dès que vous utilisez un bac centralisateur, il devient souvent indispensable d’avoir une pompe à miel en sortie de ce bac centralisateur.
Le système de seaux reste possible pour les petites quantités de miel.
Le maturateur
En sortir de pompe, le miel sera stocker au moins 12h dans un maturateur. C’est une sorte de « tank à miel », ou de gros seau muni d’un robinet. Laisser le miel au moins 12h à décanter. Les impuretés vont remonter à la surface du miel. Ces impuretés sont minimisées par l’utilisation d’un tamis entre le bac centralisateur-pompe à miel, et le maturateur.
Le miel a une densité de 1,4.
Vous veillerez à ne pas attendre trop longtemps pour vider votre maturateur de miels à cristallisation rapide type colza ! (Remarque : au pire on le fait une fois, après on a compris !🤣) On aime particulièrement des maturateurs qu’on peut vider totalement, surtout les gros, avec au moins un fond incliné (au déjà de 200kg).
Le volume idéal du maturateur représente la quantité de miel que vous allez pouvoir extraire en une journée !
Ensuite, 2 solutions :
- la mise en pots directe, sans travail du miel (au risque d’avoir un miel très dur)
- la mise en seaux de 20 ou 40kg en attente de cristallisation, puis ensuite le travail du miel pour avoir un bon crémeux, et la mise en pots ! (il existe des mini-seaux de 5kg dans le commerce, ou que vous pouvez récupérer chez les restaurateurs, qualité alimentaire, ils contenaient crème, moutarde…)
Et in fine : des pots pour la mise en pots. Notez que cette opération peut se faire ailleurs que dans la miellerie (c’est le cas chez moi) et à un moment totalement différent de la période d’extraction !

Pour la cire
Plusieurs choix, souvent dirigés par les prix :
le cérificateur solaire
n’importe quel récipient qui puisse être chauffé pour y faire fondre la cire
le fondoir à cire
Dans la majorité des cas, avoir une belle cire nécessitera 2 passages avec grattage du talon du pain de cire entre les 2, si possible filtration en sortie de cire chaude.
Gare aux brûlures, un petit seau d’eau froide reste idéalement à disposition.
Autre matériel à la miellerie
Un seau d’eau tiède et propre, ou une arrivée d’eau chaude au robinet, où vous pourrez vous rincer les mains, nettoyer votre couteau…
Un torchon propre. INDISPENDABLE car le pire ennemi de votre miel, c’est l’eau ! Ne touchez simplement RIEN avec des mains mouillées, ou même humide.
Un déshumidificateur, justement parce que l’ennemi du miel c’est toujours l’eau.
Un réfractomètre (les modèles basiques coûtent 20-25€), pour vérifier l’humidité de votre miel. Je vous recommande d’être inférieur à 18% pour garantir la meilleure conservation du miel (au delà, c’est risques de fermentation, hors miel de callune, mais si vous en faites, vous le saurez !). La norme parle souvent de 20%… Je préfère laisser cette marge à une erreur d’appréciation de la maturité de mon miel lors de la récolte, et faire tout pour avoir un taux entre 17 et 18%. Idem : ce petit outil doit être complètement sec avant utilisation. Nettoyez-le rapidement après usage.
Un système de chauffage, car le miel tiède coule quand même beaucoup plus vite que le miel froid, vous allez donc gagner du temps et de l’énergie ! En plus, monter la température de la miellerie permettra aussi de baisser le taux d’humidité de la pièce si vous utilisez le déshumidificateur. Il fait souvent autour de 25°C dans ma miellerie, minimum.
Des chariots à roulettes pour les hausses, c’est tellement pratique ! Ils passent de la partie « hausses pleines » à la partie « hausses vide » en rien de temps ! Selon la surface disponible, vous pouvez aussi investir dans un transpalette éventuellement 😁. Vous respecterez un sens de circulation pour les hausses dans la miellerie, afin de ne pas refaire passer les hausses vides dans le « coin » des hausses pleines pendant l’extraction.
Un cahier le miellerie à proximité (à protéger de microgouttelettes, d’excréments d’abeilles…)
Je ne recommande aucune mèche soufrée contre la teigne. Par contre, un piège à souris capture souvent quelques curieuses gourmandes !
Un « pschit » nettoyant-propolis n’est souvent pas du luxe.
Un tablier pour protéger les habits.
Les moules à cire, pour faire des jolis blocs faciles à stocker et difficile d’accès aux rongeurs et à la fausse-teigne.
Un lève-cadres, qui servira à gratter les têtes de cadres (cette opération peut être faite à une autre époque, personnellement j’aime le faire en même temps, ça colle moins de cire dans l’extracteur, et ça permet de récolter un peu de propolis de grattage).
Un système à eau chaude pour nettoyer le gros matériel. Puis de l’huile de coude ou un nettoyeur haute pression (s’il fait de l’eau chaude c’est mieux !). En général, il faut compter 2 gros nettoyages de la miellerie par an : juste après de colza avant que ça cristallise partout, puis en fin de saison, afin de stocker propre.
Il y aura souvent des abeilles dans la miellerie… Je ne recommande cependant pas de porter de vêtement de protection, ils vont se retrouver pleins de miel et inutilisables le temps du lavage.
Si votre système pour chasser les abeilles des hausses était défaillant, une grosse à abeilles peut être nécessaire. Il vaudra mieux les balayer avec la brosse à abeilles, et ce en dehors de la miellerie…
Un seau propre et sec pour récupérer la propolis de grattage si vous voulez.
Du matériel et des produits de nettoyage tels que grattoirs divers, éponges, brosse, détergent… quand l’extraction est terminée et le miel rangé de manière hermétique.
Le cas des barrettes
Extraire le miel se fera sans extracteur. Un pressoir, une vis sans fin, éventuellement une chaudière à cire savamment utilisée pour ne pas cramer le miel. Ou simplement un pressage à la main. Le fin du chemin est le même : décantation, traitement de la cire (et tri entre celle qui a reçu du traitement anti-varroa et celle qui es propre). Compte tenu des différences de concept, je pense que les modèles concernés ne sauraient être utilisés à grande échelle, et qu’il est parfaitement possible de ne pas investir dans du matériel, ou éventuellement que dans un pressoir type pressoir à fruits, un tamis de cuisine pour retirer les impuretés habituellement retirées après la décantation, et quelques seaux…. Je vous en reparle dès que j’ai ma kenyane !
