Le matériel à l’atelier

Dans la suite de mon article d’hier (ici), je vous ai proposé de venir se mettre à l’abri aujourd’hui dans mon exploitation !

Visite virtuelle et théorique dans cet article, d’un atelier-bois, parsemé de mon expérience et ce qu’on trouve chez moi dans cet atelier !

Journal d’état des lieux

Un petit point quotidien parce que c’est super important 😉

En ce vendredi 14 avril : toujours la même sauce ! Vent, soleil, pluie, et de 2 à 13°C sur la journée…
Les colza sont de moins en moins verts, et ma fille cueille de plus en plus de pissenlits !
Les kiwis de ma cour démarrent leurs feuilles, et les boutons du lila du jardin grossissent à vue d’œil… J’ai intérêt à avancer mes cadres sans trainer (il va peut-être falloir éteindre Netflix à l’atelier !)

Donc aujourd’hui, sommaire :
– les ruches
– les cadres
– les outils

Les différents modèles de ruches

Sans aller trop loin dans le détail, voici la liste des principaux modèles de ruches à cadres mobiles (ce qui exclut les ruches tronc, mais ce qui ne les empêche pas d’exister) :

La ruche Dadant, la plus répandue

-Inventeur : Charles Dadant (franco-américain, 1817 – 1902)
-Dimensions extérieures de la Dadant 10 : 380mm x 450mm x h 309mm
-Dimensions extérieures de la hausse Dadant 10 : 380mm x 450mm x h 168mm
-Dimensions des cadres : 42 x 27 cm

Principe : La ruche Dadant se décline de 1 à 25 cadres.
Les ruchettes 5 et 6 cadres, ainsi que les ruches 10 cadres sont les plus fréquentes (les 12 cadres étant lourdes, ce qui rend pénible les transhumances). Les cadres sont filés et gaufrés.
La reine et le couvain sont maintenus dans le corps de la ruche, que l’apiculteur sépare souvent de la hausse avec une grille à reine, afin de ne pas avoir de couvain dans les cadres récoltés.
Les cadres sont habituellement posés dans des crémaillères pour régler l’écartement inter-cadres.
Ce modèle existe en bois et en plastique. On peut combiner les éléments, les planchers plastiques entièrement aérés faisant souvent consensus.
La hausse possède 1 ou 2 cadres de moins que la ruche, pour que les abeilles puissent étirer les alvéoles et les remplir de plus de miel.

C’est le modèle que j’ai sur l’exploitation.
Pourquoi ? Parce que c’est le modèle sur lequel j’ai appris, parce que c’est un modèle qu’il est facile de se procurer (donc à des prix plus compétitifs que pour les modèles rares), parce que c’est déjà bien assez lourd pour la transhumance, parce que les hausses (archi) pleines restent soulevables….
Pour avoir eu les versions plastiques et bois sur l’exploitation, je n’ai pas noté de différence entre les modèles.

La ruche Voirnot

-Inventeur : Jean-Baptiste Voirnot (prêtre catholique lorrain (Fr), 1844 – 1900)
-Dimensions : 36x36x36cm au début puis 430mm x 410mmx h 370mm pour raisons commerciales
-Pas de hausse prévue par M. Voirnot
-Dimensions des cadres : 201mm (h) x 321mm

Principe : Cette ruche est prévue pour être conduite en divisible. Cela signifie que les « boites » peuvent indifféremment servir à habiter la colonie (équivalent du corps de la Dadant) ou à stocker le miel (équivalent de la hausse Dadant).
L’histoire dit que le format de cette ruche, plus haute que la Dadant, permet aux abeilles de stocker leurs provisions hivernales au dessus de la grappe, ce qui en fait une ruche réputée dans les régions froides.
Pour moi, l’énorme inconvénient de conduire une ruche en divisible, est de traiter les cires, et d’interchanger les boites entres celles contenant la colonie, et celles contenant la récolte. Ainsi les résidus des traitements (dont on peut difficilement se passer) se trouvent aléatoirement un peu dans toutes les parties de la ruche, donc dans toutes les cires (c’est le principe de la divisible !).
A l’inverse, dans les « non divisibles », seul le corps de la ruche, contenant la colonie, reçoit un traitement, et la cire des hausses n’est jamais en contact avec ces traitement (et donc au final le miel qui y sera récolté !).
L’évolution a fait que la Voirnot est désormais utilisable avec une hausse, mais les dimensions sont moins adaptée à la conduite « avec hausse » selon moi.

La ruche Warré

-Inventeur : Emile Warré (prêtre catholique français, 1867-1951)
-Dimensions intérieures 30 x 30 x 21cm
-Dimensions des barrettes :31,5cm

Principe : Tout comme la Voirnot, la Warré est une ruche divisible par excellence.
Sa particularité est qu’elle ne contient pas de cadres, mais de simples barrettes, où les abeilles doivent produire elles-mêmes leurs alvéoles dans l’apport de cire de l’apiculteur.
Je vois 2 inconvénients notables à ces mignonnes petites ruches. En premier lieu la fragilité des constructions de cires sans cadre, sans fil… Et sa rentabilité. Il faut 6km de miel pour produire 1kg de cire. Dès lors qu’on demande à ses abeilles de fabriquer elles-mêmes leurs cadres, la récolte s’en trouvera forcément mathématiquement diminuée. Ce point reste aussi l’avantage de la Warré, car les cires sont naturellement changées à chaque récolte (l’apiculteur est obligé de « tout casser » pour extraire le miel, contrairement aux cadres qui sont réutilisables après extraction du miel). Il n’empêche qu’étant une divisible, le traitement anti-varroa se fait sur une « boite » ou une autre…

L’abbé Warré a écrit un livre spécial « l’apiculture pour tous » pour décrire comment utiliser son modèle de ruche.
Disponible en pdf gratuit sur la toile.

La ruche Langstrot

-Inventeur : Lorenzo Lorraine Langstroth (révérend américain, 1819 – 1895)
-Dimensions : voir ci-dessous
-Conduite en divisible
-Dimensions des cadres : adaptées aux dimensions des ruches ! formats dadant ou hoffmann (voir chapitre cadres en bas de l’article)

C’est le modèle typique américain et canadien… Ou devrais-je dire LES modèles, car il semble que les mesures soient très variables.
Plutôt rare en France, nous avons harmonisé les dimensions vers seulement 2 versions du modèle. L’original 460 mm x 370 mm pour une hauteur de 240 mm, et un autre aux dimensions des Dadant mais se conduisant en divisible.

Si j’évoquais les cadres langstroth, c’est que leur système ne nécessite pas de crémaillères, les cadres glissent d’un espace à l’autre sur une glissière, et c’est leur forme qui détermine l’espace inter-cadre. Ce système a été reproduit sur les cadrons de mini-plus (la reine des ruchettes d’élevage, car doublée elle permet aux abeilles de pouvoir hiverner à l’intérieur)

La ruche Kenyane

C’est une des rares ruches dite horizontale.

-Inventeur : Dr Maurice V. Smith (chercheur canadien contemporain) en 1971 au Kénya
-Dimensions : généralement 1m de long, de forme trapézoïdale avec un angle de strictement 30° à 40° (sinon les abeilles vont coller les cires à la boîte)
-Conduite : en ruche horizontale
-Dimensions des barrettes : 35mm

Si vous vous penchez sur le choix de la Kenyane, je vous invite vivement à vérifier que les dimensions de votre future ruche correspondent bien à l’abeille que vous allez utiliser !
L’abeille européenne n’est pas strictement identique à l’abeille africaine, et sur certaines mesures, 5mm font toute la différences (comme quoi dès fois, la taille, ça compte !)

Ce modèle de ruche est en projet pour moi.
Pour l’instant, je reste bloquée sur l’approvisionnement en bois malheureusement (et je trouve les prix du commerce bien élevés)😥

En tant que ruche horizontale à barrettes, l’apiculteur se heurte aussi à la fragilité des constructions.
Certains préconisent de laisser tout le miel pendant l’hiver, et de ne faire la récolte qu’au printemps, quand la nouvelle miellée arrive… Là encore : attentions aux traitements anti-varroa. D’ailleurs, les barrettes de ce modèle étant jointives, les observations sont prévues via une fenêtre dans un côté de la ruche !

Les ruches d’élevage et les nuclei

Dans la grande famille des ruches, des apiculteurs ont inventé des dadant « 25 cadres », avec 2 « dadant 10 » de part et d’autre d’un espace réservé à l’élevage sur 5 cadres. Sur certains modèles, c’est seulement l’espace pour une seule dadant 10, puis 5 cadres pour l’élevage.

J’ai longtemps élevé en utilisant toujours mes Dadant 10 (même pour faire de la gelée royale pendant 1 an), soit orphelinées, soit avec une grille à reine verticale.
En 2022, j’ai utilisé uniquement un mini-plus orphelin, et ça m’allait très bien de faire des séries de 8 à 12 reines, de quoi m’occuper quelques heures sans me prendre la journée. Un vrai travail d’amateur ! (Mais surtout d’apiculteur amateur !).

J’ai déjà évoqué les nucléi. Un nucleus est une petite colonie d’abeilles dans un petit volume de petite ruche. Sa seule vocation est de permettra la fécondation de la reine, qu’on introduit sous forme de cellule royale ou de reine vierge. Une fois fécondées, ces reines iront rejoindre une ruche de production, et seront remplacée dans la colonie par une nouvelle reine à féconder. Quand le volume est assez grand (type : 2 mini-plus), une reine peut même hiverner dans le nucleus, pour n’aller rejoindre par exemple qu’un jeune essaim artificiel, qui va tout de suite être boosté par la présence d’une nouvelle reine déjà en ponte (processus qui prend, sans aucune autre mesure, environ 1 mois avant qu’une nouvelle jeune reine se mette à pondre).

Les cadres

Les 3 grands types de cadres sont

  • Dadant ou Hoffman :

Les cadres Dadant nécessitent que la ruche porte des crémaillère afin que ces crémaillères déterminent l’espace entre les cadres

Les cadres Hoffmann sont d’une largeur telle qu’on les colle les uns contre les autres, ils sont posés sur une glissière. On les fait d’ailleurs coulisser lorsqu’on travaille avec ce genre de dispositif.

Je trouve que pour débuter l’apiculture, le cadre Hoffmann est particulièrement intéressant par sons système de coulissage.
Il a malheureusement aussi l’inconvénient d’écraser l’abeille qui aura le malheur de se trouver sur la zone de contact entre 2 cadres au moment de les resserrer…

Les ruches Dadant sont rarement équipées pour pouvoir recevoir des cadres modèle Hoffmann. Il y a d’ailleurs peu de cadres aux dimensions ruche-Dadant, qui soient du modèles Hoffmann.

Le modèle de cadres Hoffmann est plus courant avec les ruches Langstroth….

  • cadre à talons ou à pointes…
Talon ou pointe ? Trous ou agrafe ? Faut se décider, on emménage demain !

Les cadres à pointes ne sont autres que les « cadres à clous ». Très économiques (4 bouts de bois, quelques petits clous et 2 grands), il ne nécessitent pas le travail du bois nécessaire aux autres modèles à assemblage mi-bois.

Les cadres à talons sont les plus courant du commerce.
Ils peuvent finir « à pointe » lorsqu’un tenon casse !

CONCLUSION : J’utilise le modèle de ruche Dadant pour les raisons déjà évoquées, mais je vous conseille de faire comme vous l’entendez.
Idéalement : choisissez un modèle de ruche assez courant, que vous trouverez facilement dans le commerce. En France, à part dans certaines régions, c’est le modèle Dadant qui prédomine. Vous trouverez facilement aussi le matériel pour extraire le miel, etc.

Les outils

Je suis loin d’être bien outillée !
Les plus bricoleurs auront le banc de scie, ou carrément un combiné bois. Je me contente de ma petite égoïne.
Un marteau, pour enfoncer agrafes ou clou.
Les clous, pour faire un cadre à pointes, ou pour tenir dans le cadre. Un bon petit clou s’avèrera aussi utile pour déboucher les trous qu’un cadre à trous pour remettre un fil (sinon, bah, agrafeuse !)
Un rouleau de fil inox, qui, tendu sur le cadre, ca être lègerement chauffé avec du courant électrique, ce qui va faire légèrement fondre la cire. En se refroidissant, la cire va enfermer le fil, qui servira donc à armer la cire au cadre (sur le même principe que le béton armé).
Une agrafeuse (multi formats) et ses agrafes : les pointes (pour remplacer les petits clous), des agrafes carrées (quand la pointe ne suffit pas), les agrafes rondes (pour tenir ou retendre les fils inox sur les cadres).
Une ou plusieurs pinces pour tenir, tirer, et couper le fil inox.
Un petit transformateur 12V pour chauffer le fil inox
Un lève-cadres trouve sa place à l’atelier, pour gratter les cadres, les corps…
Un chalumeau, petit ou gros, pour désinfecter le bois.

Egalement de la cire gaufrée ! Comptez 10 feuilles par kilo de cire.

Un coup de main pour la cire ?

Le matériel facultatif :

Une roulette coupe-cire… pour couper proprement (et droit) la cire quand il s’agit de transformer une feuille de corps en feuille de hausse, ou en feuille pour mini-plus, ou en ribambelle d’amorces de cire…
Une roulette zig-zag pour retendre (une seule fois) le fil distendu qu’un cadre.
Une burette à cire, pour bien fixer la feuille de gaufre au cadre en déposant de la cire fondue dans la rainure prévue.
De la soude type Lessive Saint Marc, pour désinfecter les parties plastiques de la ruche ou des grilles à reine (d’autres méthodes existent sûrement, renseignez-vous auprès de votre vendeur de matériel)
Un gaufrier du commerce ou de votre conception pour fabriquer vos propres feuilles de cire gaufrée (je n’ai encore pas réussi à produire une seule feuille entière… et je crois que j’ai pourtant regardé tous les tutos youtube !)
Une perceuse et un forêt 2mm pour trouer les cadres et faire passer le fil inox (si vous faites vous-même vos cadres et que vous n’utilisez pas d’agrafeuse)
Le plus facultatif serait : les œillets, que j’ai déjà vus en magasin, qui sont introduits dans les trous de passage de fil des cadres, et qui servent à protéger le bois… Mon avis est que si vous en avez besoin, votre fil est déjà probablement trop tendu 😅.

L’atelier bois de l’apiculteur peur rivaliser avec celui d’un menuisier !

Allez, demain on se fait la miellerie ! Ce sera encore du looooouuuuurd !!!!!

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