Cet article s’inscrit dans la continuité des articles pour augmenter son cheptel (ici l’article sur multiplier ses ruches, là et ici les articles sur l’élevage de reines, et aussi celui-ci et celui-là sur la capture d’essaims). Mais la technique la plus reposante : c’est la ruche-piège… Explications, méthodes, et astuces dans cet article !
Introduction
Pourquoi utiliser une ruche-piège
Tout simplement car c’est une manière simple et efficace pour récupérer des essaims. Et c’est la méthode qui, à ma connaissance, demande vraiment le moins d’efforts parmi tout ce qu’il est possible de faire ! Et aujourd’hui, économiser son temps et son argent n’est pas un luxe !
B. Comment fonctionne une ruche-piège
Une ruche piège fonctionne grâce à son odeur, qui est un très puissant attractif pour les abeilles. Elles ont en effet un système de reconnaissance d’odeurs qui gère beaucoup leur vie. Leur odorat sert aux abeilles à reconnaître la reine, les fleurs, leur ruche…
Et aussi une potentielle nouvelle maison !
Vous pouvez trouver aussi chez votre marchand préféré de produits apicoles, des produits « attire essaim », ou « charme abeilles », ou encore des « phéromones »… J’avoue ne jamais avoir dépensé d’argent dans ces produits, je n’en ai pas besoin, avec la méthode décrite dans cet article, les ruches-pièges attirent bien assez d’essaims ! D’après certains échos, ils ne fonctionnent pas vraiment…
Donc libre à vous de faire votre expérience !
Notez toutefois que ces produits sont volatiles, donc pour maximiser leur possible effet, il faut en mettre régulièrement.
Description d’une ruche-piège
Le matériel nécessaire
Une ruche piège est une ruche ou une ruchette déjà utilisée, garnie de cadres déjà utilisés (au moins pour moitié).
Je vous recommandais des ruchettes légères du genre : ruchettes en carton pour aller attraper vous-même un essaim. Là je vous recommande au contraire une ruchette ou une ruche (à vous de voir, j’ai des résultats similaires dans chaque volume) en bois bien stable. Le carton n’est pas du tout attractif pour les abeilles, et je n’ai jamais trouvé d’essaim qui se soit installé spontanément dans une ruchette en carton.
Notez qu’il a été démontré scientifiquement (Karl Von Frisch, Vie et mœurs des abeilles) que les abeilles savent estimer le volume d’une ruche ou d’une ruchette qu’on leur propose. J’ai cependant déjà trouvé des essaims tout petits dans une grande ruche… Ce n’est donc pas avec une « super ruche » que vous vous assurerez de capturer un « super essaim ».
Il vous faudra aussi des cadres pour remplir votre boîte. Vous pouvez mettre 100% de cadres bâtis (totalement vides), ou en mettre un sur deux en alternant avec des cades de cire gaufrée.
Le reste est « normal » : plancher, couvre-cadres, toit de ruche…
Les erreurs à éviter
Comme je viens de l’évoquer, on évite les ruchettes en carton. Ca n’est pas vraiment attrayant pour une abeilles.
On évite les ruches neuves qui ne sentent que le bois, ou au pire les produits utilisés pour protéger le bois… C’est « l’odeur du vieux » qui attire les abeilles !
On évite donc aussi les cadres juste gaufrés ou avec une petite amorce, certes un petit peu attrayants, mais tellement moins qu’un bon vieux cadre déjà bien utilisé qui commence même à être noir !!!
Par contre, ca n’a aucun intérêt de mettre un cadre de provisions, vous risquez plus d’attraper une famille de rongeurs qu’une colonie d’abeilles ! (Ca reviendrait à arriver avec vos meubles dans une maison déjà meublée… 😧)
Comment installer une ruche-piège
Le meilleur moment pour l’installation
Il n’y a aucune question à se poser : une ruche-piège se pose dès le début de la saison des essaimages.
Il est de coutume de dire que c’est à la floraison des aubépines (ou épines blanches), mais il vaut mieux se fier à vos observations dès que vous entendez parler des premiers essaimages par chez vous :
Repérez certains stades de la végétation (telle fleur fane, telle autre est en boutons, ou le rosier au coin de la rue est en fleurs…). Vous saurez donc « à l’avance » quand démarrera la saison des essaimages !
Les endroits idéaux pour installer une ruche-piège
Il y a des endroits idéaux, tels que les abords de votre rucher (en évitant les abords des ruchers d’autres apiculteurs sans leur accord !!!!).
Les « passages » d’abeilles sont également intéressants, si on a l’occasion de voir passer un essaim, alors poser une ruche-piège à l’avance sur son passage permet généralement de l’intercepter.
Une année, j’ai été amenée à poser une ruche-piège sur un rebord de fenêtre (une idée, comme ça…). Bien m’en pris, j’ai capturé 3 essaims cette année là !
J’ai appris un peu plus tard que des voisins un peu plus loin dans la rue, eux qui avaient l’habitude de capturer quelques essaims chaque l’année, n’en avait eu AUCUN cette année là !
J’ai rapidement fait le rapprochement : ma ruche-piège était située avant la-leur sur le passage des abeilles !
Vous pouvez mettre une ruche-piège là où vous avez déjà vu un essaim les années passées .
Pour pouvez en mettre là où ça vous arrangerait, vous (pensez que vous devrez le déplacer s’il n’est pas à son emplacement final – voir chapitre sur le déplacement de l’essaim dans cet article !).
Comme dans la nature, certains essaims vont être capturés en hauteur, et il sera intéressant de caler une ruchette dans une fourche d’arbre.
Ou au contraire, certains sont cueillis à ras du sol….
J’ai déjà récupéré comme ça un essaim dans une ruchette que j’avais posée quelques jours devant le garage !
Notez quand-même qu’un essaim ne vient pas de « nulle part ». Il quitte forcément un tronc, une cheminée, un mur, ou que-sais-je ! Ou une ruche !
L’installation ou le départ d’un apiculteur dans le secteur va donc naturellement influencer le nombre d’essaims que vous allez certainement capturer !
Comment attirer les abeilles dans la ruche-piège
Comme déjà évoqué dans le paragraphe sur le matériel nécessaire, une astuce consiste à passer le matériel au chalumeau (raison de plus pour ne pas utiliser de ruchette en carton !! 😉)
L’odeur forte de la cire et de la propolis vaut tous les « charmes abeilles » du monde !!!
Si vous n’avez décidément que du matériel neuf, vous pouvez essayer de récupérer de la cire et de la propolis, et « tartiner » les parois de la ruche avant de les faire fondre délicatement au chalumeau.
J’ai un essaim ! Je fais quoi maintenant ???

Comment savoir si un essaim est présent
Avant de crier victoire, il est nécessaire de vérifier si un essaim est présent. Comme un simple coup d’œil suffit, je vais vous expliquer comment le voir en moins de 2 minutes, sans nécessairement devoir vous équiper intégralement.
Tout simplement : une colonie installée vit. Et la première chose que vont faire les abeilles, c’est nettoyer, ranger, et remplir les cires !
Allez donc observer votre piège, en vous postant à 2 ou 3 mètres sur un côté de la ruche.
Si des abeilles tournent autour, c’est déjà bon signe ! Elles sont peut-être en train d’étudier un éventuel déménagement !
Si elles sont déjà installées, vous devriez-donc avoir des petits déchets devant la ruche (s’ils sont gros c’est un rongeur !), des abeilles qui vont et viennent, et parmi celles qui reviennent à la ruche, vous pouvez en voir qui sont chargées de pollen !
A moins que vous ayez installé cette ruche-piège à un endroit où elle peut rester à demeure, il convient ensuite de rapatrier tout ce petit monde à son emplacement final.
Les précautions à prendre avant de récupérer l’essaim
Autant un essaim en vol est gavé de miel et n’a pas de couvain à défendre, ce qui le rend particulièrement inoffensif, autant une fois installées, le caractère des abeilles se révèle !
Selon les cadres que vous aurez choisi, s’il reste la moindre lichette de miel, le moindre grain de pollen, il est possible que la fausse-teigne s’installe.
Contre la fausse-teigne :
– intercalez 1 cadre gaufré entre 2 cadres bâtis
– rangez vos ruchettes et les cadres bâtis, après le colza, lorsque les essaims se font rares mais que la teigne gagne du terrain. J’ai constaté les plus grosses invasions en teigne dans le courant de l’été.
Donc dès qu’un essaim s’est installé dans votre ruche-piège, je vous recommande de vous habiller (vareuse, gants, enfumoir…) pour n’importe quelle manipulation (hors observation du trou de vol en retrait de la ruche).
Les étapes pour récupérer l’essaim
C’est là qu’il est important d’avoir judicieusement choisi l’emplacement de son piège !!!
Pour déplacer un essaim installé dans une ruche-piège, il en est de même que pour déplacer n’importe quelle colonie !
Les abeilles connaissent et reconnaissent leur environnement à 3km à la ronde. Vous devrez donc déplacer votre colonie de plus de 3km, ou de moins de 50cm pour ne pas perdre d’abeilles.
Voir cet article sur comment déplacer des ruches.

Conclusion
Les avantages de l’utilisation d’une ruche-piège
Cette technique nécessite peu de moyens, peu de matériel, peu de temps…
Les précautions à prendre lors de l’utilisation d’une ruche-piège
Vous ferez évidemment attention au lieu où vous laisserez votre ruche-piège. Rappelez-vous qu’un nuage d’abeilles de environ 5m sur 10m va envahir les lieux avant de se regrouper sagement en grappe ! Et le commun des mortel a la fâcheuse tendance à être terrorisé par ce genre de nuage d’insectes 😅 Et pire encore lorsqu’il y a des enfants, des animaux…
A moins que vous ne soyez sur votre propriété, demandez l’autorisation pour pouvoir installer votre piège chez quelqu’un d’autre.
Gestion des ruches-pièges d’une saison à l’autre
L’objectif est bien-sûr que votre ruche-piège reprenne le circuit des ruches de production, et qu’elle cesse d’être un piège.
Mais parfois, il ne se passera rien…
Pensez-bien à récupérer vos ruches et ruchettes vides lorsque la saison des essaims est terminée, ou au plus tard au moment de la dernière récolte de miel de l’année.
