La fin de la saison, c’est quand ?

C’est une question qu’on peut (qu’on doit ?) se poser tous les ans… Car la fin de la saison apicole rime avec la préparation à l’hivernage…

Dater la fin de la saison

Comme énormément de choses en ce qui concerne ce métier, la fin de la saison est déterminée par les éléments extérieurs : disponibilités florales, températures.

Je pense qu’on peut retenir comme date de fin de saison, le moment où on retire la dernière hausse de la dernière ruche.

La fin des miellées

Vous allez me dire « oui, d’accord, la fin de la saison, c’est quand j’enlève les hausses… Mais je fais quoi si 1. tout n’est pas operculé, ou 2. je décide de laisser une hausse pour hiverner ??? »

Si on reste vraiment sur la thématique de la fin de saison (donc volontairement sans parler du problème de traiter antivarroa en présence d’une hausse), la date de fin de saison serait celle où les rentrées de nectar ont cessé.

Si on se retrouve avec du miel vraiment peu operculé à récolter, il reste la solution de la chambre chaude avec déshumidificateur. Techniquement, cela consiste à poser un déshumidificateur dans une pièce proportionnelle à sa capacité, quel que soit son volume ! Certains construisent des caissons. Moi je fais tout dans ma miellerie de 20m², avec 1 ou 2 deshumidificateurs. J’en ai un vieux qui n’a qu’un bouton pour l’allumage, et un plus récent qui indique la température, le taux d’humidité, et dont je peux régler les valeurs attendues. Les deux ayant été achetés une centaine d’euros, à 10 ans d’intervalle, dans le même magasin de bricolage 😉.

L’idée de laisser le miel en provisions hivernales n’est pas mauvaise en soi. Ce sont les abeilles qui l’ont récolté. Il est sain (du moins autant que la ruche dans lequel il a été produit). C’est l’aliment de prédilection pour nos abeilles ! Exit les questions sur le sirops, les candis, et autres subterfuges pour redonner, à moindre coût, de quoi se nourrir l’hiver à nos abeilles. Il faut cependant noter que le traitement anti-varroa ne doit pas être fait avec la hausse. En effet, les cires sont facilement contaminées par les produits introduits. Il faudra donc envisager de retirer la hausse le temps du traitement. Ou de changer les cires de cette hausse avant le début de la saison suivante. Vous choisirez ou non de laisser la grille à reine. Si elle reste, la reine n’aura pas accès à ces provisions, la grappe devra se déplacer en partie sans la reine, ce qui peut être dommageable. Si vous ôtez la grille à reine, il y a 99,99% de probabilité que la reine ponde dans la hausse en début de saison suivante, ce qui rendra la reine d’autant plus difficile à trouver, l’utilisation du chasse abeilles inefficace, bref… un peu de manipulations supplémentaires en prévision 😅

Les miellees tardives

Les miellées tardives sont celles qui arrivent plutôt à l’automne.

La luzerne commençant environ en juillet pour se terminer environ fin août, n’est pas vraiment concernée.

Le lierre, jusqu’en octobre, fait partie des miellées tardives. Et ce d’autant plus que cette miellée arrive souvent après un trou de miellée estival (août, septembre, selon les régions).

N’ayant pas assez de lierre par chez moi, et les températures celles du nord de la France, cet apport sert exclusivement de réserves pour mes abeilles. Aux endroits où la température est encore suffisamment clémente et où le lierre fleurit à profusion, on peut espérer une dernière récolte.

La saison se terminerait donc à la fin de la miellée de luzerne dans le premier cas, et à la fin de la miellée de lierre dans le cas d’une récolte de miel de lierre.

Qu’est-ce que cela implique ?

La fin de la saison coïncide avec la préparation de la mise en hivernage.

Traitement anti-varroa

Le retrait des hausses est généralement un moment privilégié pour effectuer un traitement anti varroa avec les lanières. Vous vous référerez aux posologies et aux durées de traitement, du moyen de lutte que vous aurez choisi.

Pour mon expérience, j’ai choisi pendant de longues années de ne pas faire de traitement chimique DU TOUT. Je me contentais de faire des essaims (blocage de ponte dû à l’absence de la reine dans l’essaim) et mettre un cadre à mâles dans les ruches. Je sacrifiais ensuite ce couvain une fois dans l’année (souvent plus infesté de varroa que le couvain d’ouvrières).

Quand j’ai atteint 50% de pertes sur certains ruchers… j’ai sérieusement remis en doute mon choix. Si je gagnais du temps et de l’argent à ne pas faire de traitement, si j’imaginais laisser faire la sélection naturelle… Je devais me heurter à la difficulté de remonter le cheptel tous les printemps ! Et avec 50% de pertes, ça allait quand-même être compliqué 😅. Étant aussi certifiée apiculture biologique, j’ai depuis choisi de traiter au varromed. J’en suis encore à apprivoiser le protocole, aussi je ne saurais que vous recommander de suivre la notice 😅 !

Frelon asiatique

La fin de saison coïncide aussi assez bien à une pression accrue du FA. Pour lui aussi c’est la fin de saison. Le nid est énorme, les ouvrières FA sont nombreuses, les futures reines maturent au coeur du nid avant de quitter le nid fin octobre (chez moi !)… Les besoins en protéines (pour le couvain) diminuent et les besoins en matières sucrées (pour les adultes) augmentent. Il est plus que temps de protéger les ruches.

De nombreuses options plus ou moins satisfaisantes s’offrent à vous.

Vous pouvez installer des portières vertes (ou les blanches) pour réduire les entrées des ruches. N’importe quel système réduisant l’entrée des ruches est convenable. Il faut veiller à laisser suffisamment de passage en fonction de la taille des colonies, des températures extérieures, et des miellées encore en cours.

Certains apiculteurs sont satisfaits de harpes électriques, de filets, ou de constructions diverses pour perturber les FA dans leurs captures d’abeilles.

Ne subissant pas encore franchement de pression dans le quart Nord-Est de la France, en zone de grande culture très peu boisée, je n’ai pas encore d’avis sur la gestion des frelons asiatiques…. Même si je déplore qu’aucune mesure n’ait encore été prise au niveau national au vu du fléau !

« Portes blanches » des ruches

Ces portes peuvent convenir pour réduire les entrées de FA, de rongeurs, etc.

Elles me semblent cependant étroites tant qu’il faut doux. Je les installe plutôt quand les températures rafraîchissent et que les abeilles se mettent en grappe la nuit. Plutôt vers octobre – novembre (voir paragraphe suivant ⬇️).

Provisions, partitions

Selon où on se situe dans le l’hexagone (ou ailleurs 🗺), il va falloir gérer plus ou moins de trou de miellée entre les dernières rentrées de nectar, et la diminution franche des températures.

Globalement, il est intéressant de surveiller que les colonies ont assez de provisions ou de ressources extérieures. Cependant, le nourrissement est plutôt à effectuer, ici aussi, lorsque les températures commencent à descendre la nuit.

Notez que le nourrissement ne doit pas s’effectuer trop tôt. La reine a encore besoin de place pour pondre. Ni trop tard. Les abeilles doivent encore être suffisamment actives pour aller jusqu’au nourrisseur. Sinon il faudra envisager le pain de candi si la ruche est trop légère ET que les températures sont trop basses, vers novembre-décembre dans le Grand-Est, et jusqu’à mars suivant.

Je ne pratique pas l’installation de partition à grande envergure. Je n’installe une partition que sur les colonies qui ont les cadres de rive vraiment secs (voire non bâtis s’il s’agit d’une jeune colonie).

Je risque cependant de faire différemment cette année car j’ai des reines fécondées excédentaires. Il va bien falloir les introduire quelque part… Je pense donc faire des essaims tardifs, avec introduction de reines fécondées. Selon ce qui va se présenter, il sera donc fort possible que j’installe une partition sur les colonies qui ne seront pas sur tous les cadres par ma ponction ! Il est en effet tard pour installer des cadres gaufrés, et je ne dispose pas de cadres bâtis.

Ce sera l’occasion de remérer in extremis les ruches orphelines et populeuses.

Manipulations au rucher

En dehors de la surveillance de la pression du FA, le contrôle des ouvertures des ruches (portières éventuelles), et les provisions, c’est aussi un bon moment pour ouvrir encore les ruches en grand.

Un dernier examen sanitaire approfondi avant que les températures ne chutent.

➡️ Les provisions, de visu, sont-elles satisfaisantes ?

➡️ C’est le moment de faire les tests de contrôle du varroa (chutes naturelles, chutes après traitement…) et le traitement qui va bien.

➡️ Bon moment aussi pour vérifier l’état sanitaire de la colonie (voir article au sujet des maladies des abeilles)

➡️ Vérifier la présence de la reine. La population allant diminuant, il est plus facile de trouver la reine et de la marquer à ce moment là. Vous vérifiez aussi la ponte, qu’on homogénéité, etc. S’il le faut, c’est aussi le bon moment pour changer une reine défectueuse contre une reine en ponte.

Attention ⚠️ Si une ruche est orpheline, vous ne devez envisager de faire (pu laisser faire) un élevage QUE si vous avez encore des mâles et le sentiment (…) que vous en aurez encore 25 jours plus tard pour la fécondation de votre reine !

En Marne, jai vu un apiculteur faire systématiquement son dernier essaim artificiel début septembre ! (Sur fin de miellée de luzerne)


Voilà !

J’espère que vous serez inspirés par votre fin de saison. Ce moment où on extrait les dernières hausses de l’année, avant souvent de se consacrer un peu plus à la vente !

Fin de saison apicole, arrivée de l'automne aux ruches, préparation à l'hivernage des abeilles
En fin de saison, les jours raccourcissent et les soirées rafraîchissent, la luzerne monte en fleurs pour le plaisir des abeilles !

Le bilan !

C’est également l’heure du bilan ! Combien de kilos de moyenne par ruche ? Est-ce satisfaisant ? Combien y a t il de ruches prêtes à hiverner ? Combien faut-il prévoir de traitement anti-varroa ? De sirop ? De candi ?

Pour les amateurs de miel monofloral, c’est aussi le moment d’envoyer son miel à l’analyse.

Le bilan de l’année permet aussi de faire les premières projections sur la saison suivante. Selon le nombre de ruches hivernées, de ruchettes, selon l’âge des reines de nos colonies, on peut anticiper celles qui vont probablement essaimer (toutes les reines qui ont fait la saison sont susceptibles d’essaimer plus facilement l’année suivante), celles que l’on pourra transhumer, etc.

😍 j’adore ces moments de projection dans le futur ! Et vous ?

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