Depuis que l’homme élève des abeilles, le départ de la moitié de la colonie signe la fin de la récolte pour l’apiculteur. Les abeilles restées dans la ruche vont effectivement devoir d’abord reconstituer les effectifs avant d’être en mesure de produire un excédent de miel pour leur protecteur. Parfois l’apiculteur peut bénéficier de la 2ème miellée de l’année, parfois non. Dans tous les cas, il gagne une jeune reine, mais perd les qualités de celle qui est partie.
Pourquoi diviser une ruche
Prévenir l’essaimage
On parle souvent d’écrémer les ruches pour prévenir l’essaimage.
J’en parle dans cet article, et celui-ci : le premier article avec recherche de la reine, et second sans la chercher.
Multiplier son cheptel
Quand on démarre l’apiculture, on commence souvent avec entre 1 et 3 ruches.
Il devient souvent tentant d’augmenter son cheptel ! Savoir soi-même multiplier ses colonies est alors un atout de taille plutôt que d’acheter !
Astuce : réserver vos achats d’essaims et de reines pour avoir une souche de race intéressante à multiplier ! Et compléter votre expérience avec mes articles simples sur l’élevage de reines !
Compenser les pertes
Qu’on parle de pertes hivernales, de varroa, de frelon asiatique, ou autre, il y a trop d’occasions de perdre des ruches pour se passer de savoir les multiplier.
Pour en faire commerce
À petite échelle, j’ai peut-être utilisé un gros mot en parlant de commerce…
Mais même sans devenir un multiplicateur professionnel, qui sait si vous ne pourriez pas, à l’occasion, dépanner un collègue ? Fournir une personne qui veut se lancer ? Faire un cadeau à un ami qui rêve d’avoir ses propres ruches ?
Préparer la saison suivante…
Hé oui ! En faisant des essaims une année, c’est l’année suivante que vous préparez !
En ayant des essaims disponibles, vous aurez de la facilité à remplacer (ou compléter) une colonie défaillante. Vous vous garantissez également un minimum d’essaimage, les jeunes reines essaimant très peu !
Vous vous garantissez également une génétique intéressante pour travailler sereinement.
Quand diviser une ruche
Au printemps
Le moment vraiment idéal à mes yeux pour diviser une ruche, c’est la miellée de colza.
Déjà, même si le miel de colza a ses adeptes, ce n’est pas le miel le plus facile à travailler. Il cristallise vite, et forme de magnifiques briques si on n’y prend pas garde…
Pendant cinq années, je me suis même appliquée à ne pas produire du tout de miel de colza. Je multipliais mes ruches à tour de bras après des pertes hivernales conséquentes. C’est ce qui m’a permis de ne pas abandonner.
En été
La miellée d’été est la deuxième période période pendant laquelle on peut envisager de faire des essaims. Je ne saurais vous recommander de faire toujours vos essaims dès que possible. Il faut en effet environ 30 jours après la création d’un essaim pour qu’une nouvelle reine soit en ponte. Puis encore quelques semaines pour avoir les premières abeilles. Puis encore un peu de temps pour avoir à nouveau des butineuses… Cela corse sérieusement l’affaire quand on s’y prend trop tard. Les essaims sont alors trop faibles et incapables de survivre à l’hiver.
Vous adapterez bien-sûr la population de départ de chaque essaim en fonction de la date. Plus il sera tard en saison, plus il faudra faire des essaims avec beaucoup d’abeilles pour qu’il parvienne à passer l’hiver.
Quand ne pas diviser une ruche
A défaut de savoir quand on peut faire des essaims, il y a des périodes où il est clairement recommandé de ne pas en faire.
En l’absence de mâles
Ca semble évident, mais il est bon de rappeler que pour féconder une reine, il faut des mâles !
Alors oui, il traînera bien ici ou là une ruche bourdonneuse qui aura bien quelques mâles… Mais ça risque d’être insuffisant pour bien féconder votre petite reine.
Donc au printemps, surveillez les premières cellules de mâles !
Comptez 24 jours pour qu’ils naissent
Puis 15 jours pour qu’ils soient mâtures.
Connaissant maintenant par cœur le cycle de la reine (si ce n’est pas le cas, venez réviser ici !), je vous laisse faire vos calculs pour que vos reines puissent se faire féconder !😉
A la fin de la saison, surveillez les premières ruches qui vont mettre leurs mâles dehors… Il n’est plus temps de faire d’élevage !
Attention aux températures
Les vols de fécondation se font par des journées ensoleillées et chaudes. Oubliez les saisons pluvieuses et froides, qui vous donneront au mieux, une mauvaise fécondation. Et au pire : pas de fécondation du tout.
Les petits essaims vont aussi être en peine par temps frais. En effet, la grappe ne pourra pas couvrir tout le couvain que vous avez sélectionné. Le couvain refroidit va mourir. Sortir les larves mortes va être source de travail supplémentaire pour les abeilles. Le tas de larves mortes devant l’entrée de la ruche va être source d’inquiétudes pour l’apiculteur !
Veillez à avoir assez d’abeilles pour couvrir tout le couvain dans l’essaim.
Comment diviser une ruche
Je vous ai présenté une méthode simple pour créer des essaims artificiels en prévention de l’essaimage : en cherchant la reine, et sans chercher la reine. Ce sont les mêmes procédures qu’on peut utiliser sur d’autres ruches que celles prêtes à essaimer.
On choisira par contre les ruches à prélever. Je vous recommande de prendre vos cadres plutôt les ruches de mauvaise qualité, afin de ne pas les « traîner » toute la saison, et de recycler utilement ces cadres.
A défaut de produire du miel, je préfère que mes colonies produisent des essaims !
Vous veillerez à ce que les donneuses soient cependant exemptes de maladies, et que les cadres contiennent assez de couvain pour faire un essaim. Si vous mettez des cadres quasiment vides d’abeilles et de couvain, vous allez mettre en sérieux handicap de départ à votre essaim !!
Les ruches faibles
Sluvent après la miellée de printemps j’utilise tous les cadres de couvain des ruches faibles pour créer mes essaims. Chez moi le colza est suivi d’un trou de miellée. Je profite de l’occasion pour apporter un peu de provisions à mes ruchettes !
Si je veux qu’ils produisent, je conduis mes essaims artificiels sur au moins 3 cadres de couvain. Je complète avec 1 cadre gaufré et 1 cadre de provisions.
Si l’objectif est essentiellement (uniquement) d’augmenter le cheptel, je peux mettre 1 ou 2 cadres de couvain par colonie (tout en prenant les précautions de quantités d’abeilles, de nourriture et de planification nécessaires !)
Les ruches orphelines (non bourdonneuses)
C’est lorsque vous vous rendez compte in extremis qu’il n’y a plus de reine dans la colonie, mais qu’il n’y a pas encore d’ouvrières pondeuses.
Vous pouvez gérer votre ruche orpheline comme une ruche faible (ci-dessus), ou intégrer un cadre de couvain avec ou sans cellule ou reine (fécondée ou vierge). (voir mes autres articles : sur l’introduction des cellules, et celui sur l’introduction des reines)
Les ruches bourdonneuses
Lorsque vous constatez plusieurs œufs au fond des alvéoles, qu’ils ne sont pas bien centrés… Parfois même plusieurs larves ont éclos et se trouvent serrées dans la même alvéole…
A moins que vous ne trouviez déjà les cellules bombées typiques des cellules de mâles…
Dans tous les cas, cette colonie a besoin de votre intervention d’urgence. (voir article spécifique sur les bourdonneuses)
Les colonies bourdonneuses sont rarement suffisamment populeuses pour produire des essaims. Servez-vous plutôt des abeilles (sans les cadres) pour renforcer des colonies qui en ont besoin.
Les ruches agressives
Voici mon article spécial sur gérer une ruche agressive ! 👿👿👿
Je vous recommande (en résumé de l’article), de produire un ou plusieurs essaims avec tous les cadres de couvain (selon le nombre de cadres disponibles). Vous en profiterez pour ne pas garder la reine.
N’hésitez pas à faire de petites colonies. Les abeilles sont souvent moins agressives lorsqu’elles sont moins nombreuses.
Les techniques
Par division en 2
Vous séparez simplement votre ruche en deux, en répartissant 5 cadres de la ruche de départ + 5 cadres cirés (ou 3 cirés et 2 bâtis éventuellement).
Vous choisirez de laisser la colonie avec la reine à l’emplacement de départ pour un développement plus rapide.
Ou au contraire, vous pouvez laisser l’emplacement pour l’essaim, qui va être renforcé par les butineuses. (Ce que j’aurais tendance à privilégier)
Une solution alternative consiste à placer les 2 colonies de part et d’autre de l’emplacement de départ, àplus ou moins de distance. Il est cependant très probable que la colonie avec la reine attire toutes les butineuses avec l’odeur plus attractive de la reine. (Adaptez les distances de l’une et de l’autre pour éviter ce phénomène).
Toutes les possibilités étant réalisables, vous pouvez ou non chercher la reine. Nota : je vous recommande toujours de la chercher (même si vous ne la trouvez finalement pas) afin de ne pas la malmener au cours d’une manipulation.
Si vous faites cette méthode en début de saison, vous aurez très certainement deux colonies en production à la miellée d’été ! 😊
Division « 2 donnent 3 »
Cette méthode ne nécessite pas de chercher la reine (mais c’est toujours mieux si vous la trouvez, n’est-ce pas ! 😉).
Soit : une ruche A sur l’emplacement a ; une ruche B sur l’emplacement b ; ainsi qu’une ruche C avec 10 cadres cirés et un emplacement c vide.
- Secouez les abeilles de la ruche A dans la ruche C en gardant 1 cadre de couvain ouvert de A. Laissez la ruche C avec les abeilles A et 1 cadre de couvain à l’emplacement a.
- Deplacez simplement la ruche B à l’emplacement c.
- Placez la ruche A et son couvain (sans les abeilles, qu’on a retirées au point 1.) à l’emplacement b. Complétez la ruche avec un cadre ciré.
- facultatif : Allez à la ruche B (qui est désormais à l’emplacement c), et secouez 1 ou 2 cadres dans leur propre ruche. Cela permettra à plus d’abeilles de venir renforcer la ruche A (souvent les butineuses de B ne suffisent pas)
Au bout d’un mois :
La ruche sur l’emplacement a aura bâti tous ses cadres. La reine aura pondu un beau couvain dans les cires neuves.
La ruche sur l’emplacement b aura refait une reine qui commencera à pondre.
Et la ruche sur l’emplacement c aura (largement) récupéré sa population.
Prélèvements de cadres
C’est la même méthode que pour faire des essaims.
Soit avec recherche de la reine.
Soit sans chercher la reine.
Vous pouvez prélever 2 cadres dans les ruches très fortes. Ou 1 cadre dans les ruches moyennement fortes.
Surveiller les nouvelles colonies
Après la division de la ruche, il faut surveiller les essaims.
Vous aurez un petit calendrier ou une fiche de suivi pour vérifier qu’une reine est née, et la date à laquelle est doit être en ponte.
En dehors d’une miellée, vous nourrirez. Par contre ne nourrissez jamais si ça mielle ! (Aucune intérêt + perte de temps et d’argent…). Utilisez un sirop 50/50 (sucre-eau ou miel-eau), à raison de 50ml à 100ml par cadre de couvain 1 à 2 fois par semaine maximum.
Erreurs à éviter
La sélection
Si vous n’introduisez ni cellule royale, ni reine, les abeilles vont donc se charger de remérer elles-mêmes la colonie. Elles vont donc élever à partir du couvain que vous leur avez fourni.
J’attire toute votre vigilance sur le choix des larves que vous allez laisser pour l’élevage ! Seule une bonne souche pourra vous donner un bon essaim !
Je ne saurais trop vous recommander de faire vos propres reines à partir d’une souche génialissime (rien que ça 😁).
La densité de population
Qu’on parle de la ruche mère ou de l’essaim,
Les erreurs à éviter : donner des conseils pratiques sur les erreurs à éviter lors de la division de la ruche, telles que la division prématurée ou tardive, la manipulation brutale des cadres et la surpopulation des nouvelles colonies.
Par exemple, si je veux remérer une colonie installée sur 5 cadres, je remets -quand-même- ces 5 cadres dans une nouvelle ruchette. Sinon en début de saison, je peux faire 2 petites colonies. Je peux les laisser ainsi, ou introduire un cadre d’ailleurs. Ca revient à pratiquer ce qui est indiqué dans cet article.
