Une des manières économiques pour obtenir une colonie d’abeilles, c’est simplement de trouver un essaim.
Soit, mais on fait comment ?
Après la théorie dans cet article, passons à la pratique !
Se proclamer chasseur d’essaims
Il suffit d’y penser ! Mais qui appelle-t-on généralement quand on est un particulier, qu’on n’a rien demandé à personne, et que d’un seul coup un énorme nuage d’abeilles a envahit le jardin ?
choix n°1 : la mairie
choix n°2 : les pompiers
(d’autres possibilités existent bien sûr, libre à vous de poster des annonces dans les journaux, de scander vos intentions, de prodéder à de l’affichage… etc.)
Il suffit donc de contacter les pompiers de chez vous, la mairie de votre commune et des communes alentours.
Attention toutefois !!! Les essaims ont tendance à voler en pleine journée. Je vous invite à ne pas vous porter volontaires sur trop de sites, sinon vous allez : avoir le téléphone qui ne va pas arrêter de sonner/passer vos journées à courir après des essaims/ passer votre temps à décliner parce que là vous ne pouvez pas vous déplacer, étant donné que vous êtes au boulot/ avez assez d’essaims / n’avez plus de boîtes… Et vous allez devoir recontacter tout le monde pour dire stop…… On est loin de la solution idéale. Donc n’ayez pas de trop gros yeux 😉
Le premier contact
Une fois que vous avez « déposé votre candidature » comme chasseur d’essaim, il ne vous reste plus qu’à être patient. (Profitez-en pour vérifier votre matériel ! Voir paragraphe un peu plus bas).
Donc il y a fort à parier que vous allez assez rapidement être contacté par la mairie ou les pompiers, qui vont vous donner les coordonnées de la personne qui a un essaim chez elle.
Faire le point sur la situation de l’essaim
Je vous recommande de vous renseigner sur les points suivants
- à quelle heure l’essaim est-il arrivé ?
Juste pour éviter la surprise de trouver un essaim déjà installé depuis plusieurs semaines, voire années !!
- est-il toujours là ?
Les essaims qui arrivent en début d’après-midi, ou qui se regroupent en plein soleil, ont tendance à repartir rapidement.
C’est quitte ou double : soit il faut vous presser sans délai pour aller le récupérer, soit vous attendez de vérifier qu’il est « stable », de toute façon, les propriétaires du terrain où s’est posé l’essaim veulent juste qu’il n’y ait plus d’abeilles chez eux, peu leur importe que les abeilles soient recueillies par un apiculteur ou qu’elles s’en aillent d’elles-mêmes.
Si vous n’y allez pas sur le champ, vous rappellerez quand-même avant de partir afin de savoir si les abeilles sont toujours là !
- où et à quelle hauteur se situe-t-il ?
Certains essaims ont la délicatesse de se poser à hauteur d’homme, ce qui facilite grandement la tâche !
D’autres s’enfilent dans les cheminées….
Personnellement, j’ai décidé de me simplifier la vie, et je laisse à qui en veut les essaims qui me donnent le vertige ! (voir argumentaire dans cet article ).
Je vous recommande d’avoir une petite ruche légère spécialement destinée à récupérer les essaims. J’utilise personnellement une ruchette en carton.
- quelle est sa taille approximative ?
Quand d’assez rare cas (avouons-le !), une ruchette 5 ou 6 cadres ne suffit pas. Autant vous renseigner tout de suite sur le volume occupé par l’essaim !
Et…. Ca permet aussi d’éviter de vous précipiter pour (ne pas) recueillir… des guêpes !
Ou d’avoir des étoiles plein les yeux à l’idée de récupérer un essaim… Et de vous retrouver devant une poignée d’abeilles égarées (ça arrive régulièrement), un essaim de misère, la petite grappe des 50 abeilles qui ont raté le départ de l’essaim et qui vont rester là quelques jours (attention, elles sont souvent agressives d’avoir perdu leur colonie).
Où se donner rdv ?
En plus des renseignements précédents, veillez toujours à bien renoter l’adresse où est l’essaim, et où se trouve son support. Est-ce devant la maison ? Derrière la grange ? Sur le 8ème pommier en partant de la droite ? Est-ce accessible en véhicule et où vous garer ?
Est-ce qu’il faut une échelle, et est-ce que vos hôtes en ont une à vous prêter ?
Faire participer
Ce dernier point est très personnel, mais j’aime faire participer les gens.
Je profite généralement de ma cueillette pour leur donner leur premier cour d’apiculture !
En attendant d’en être là, je leur demande : 1) de rentrer les animaux, ou d’isoler la zone où se situe l’essaim (chats, chien, chevaux…), qui pourraient être intrigués par cette drôle de chose et se faire piquer fort, et 2) de garder un œil sur l’essaim, et de me prévenir immédiatement s’il repartait.
C’est assez symboliques comme requête (car les gens sont fascinés mais peu enclins à rester devant un « truc qui ne bouge pas »…), mais si je pouvais éviter de faire de la route pour rien….
Dans la plupart des cas, une petite photo par MMS permet souvent de clarifier bien des situations !
S’équiper
Préparez l’équipement nécessaire : pour attraper un essaim, il est conseillé de porter l’équipement de protection complet, donc habits couvrants (non noirs), voile, gants.
Vous aurez également besoin d’un contenant pour l’essaim. Notez que j’aime les ruches en carton, mais n’importe quelle ruche, avec des cadres (bâtis ou cirés, jamais de miel !) peut convenir.
Et dans le pire des cas : un seau couvert d’un tissus, une boîte en carton (bien scotché sur chaque côté) fait l’affaire ! (mais il faut évidemment enrucher tout ce beau monde dès que vous êtes de retour chez vous. Je ne vous recommande pas particulièrement de le mettre au frais quelques jours dans le noir, je n’ai jamais eu de succès avec cette méthode !
Je vous recommande également :
- l’enfumoir (et de quoi l’allumer bien sûr), pour guider les abeilles
- le lèves-cadres (tellement multifonction qu’il sert toujours à un moment ou un autre)
- une brosse à abeilles, pour pousser les récalcitrantes
- un spray rempli d’eau (si possible neuf qui n’a jamais contenu autre chose que de l’eau) , pour alourdir les ailes des abeilles si ça vole de trop, l’enfumoir risquant de les faire s’envoler encore plus, des gouttelettes d’eau les ralentissent plus efficacement.
- une pince à reine, au cas où vous ayez miraculeusement la chance de tomber sur la reine (n’espérez pas vraiment la marquer aujourd’hui, je vous rappelle qu’elle vole très bien à ce stade des opérations !). Si vous la voyez, attrapez-la, et laisser la pince dans la ruche pendant 24h environ le temps que les abeilles s’installent. Il suffira de revenir le lendemain et de la libérer (attention, elle peut encore voler, ne lui laissez pas trop d’occasions entre la pince à reine et un espace inter-cadre)
- Un sécateur, le cas échéant : pour couper la branche sur laquelle repose l’essaim, ou rendre son accès plus aisé (avec l’accord du propriétaire bien entendu)
- une sangle pour fermer la ruchette ou le contenant
Enrucher un essaim accessible
Rien n’est plus simple !
Retirez 1 ou 2 cadres de la ruchette pour faire de la place.
Placez la ruchette sous l’essaim, au plus près des abeilles.
Donnez un coup sec sur la branche, un coup de brosse à abeilles franc (mais délicat) sur un support rigide, afin de faire tomber d’un seul coup un maximum d’abeilles (et surtout la reine, probablement au milieu de la grappe).
Posez la ruche non loin de l’emplacement de l’essaim, remettez les cadres, et fermez partiellement le couvre-cadres. Si l’essaim était à plus de 1m20 de hauteur, essayez de lui trouver un support (une chaise, un table, un escabeau, une ramification de branches où caler la ruchette…..)
Surveillez que les abeilles battent le rappel (quand elles « cassent » leur dernier tergite, laissant apparaître leur glande de Nasanov et ventilant pour disperser l’odeur de cette glande).
Il faut maintenant attendre…
Enrucher un essaim en hauteur
Idem ci-dessus, mais il faudra trouver un moyen de laisser la ruchette à proximité de l’emplacement initial de l’essaim, pour que le reste de la troupe repère la nouvelle demeure.
Je recommande de placer la ruchette au plus près de l’emplacement de l’essaim. Plus vous serez loin, plus cela prendra de temps. Au delà de 1m, c’est plus compliqué pour elles.
Sinon vous avez l’alternative du « cueille-essaim ». Il faut évidemment arriver à enfiler toute la grappe dans le tissus, et refermer de manière étanche…
J’avoue porter encore un regard désespéré sur les essaims à 6 ou 7m de haut, devant mon rucher, totalement inaccessible…
Je me suis toujours dit que j’investirais un jour dans un cueille-essaim… Mais quand vous n’avez que le tissus pour 30€, et qu’il faut encore trouver une perche télescopique qui irait bien, j’ai tendance à reporter mes recherches de « l’outil idéal » à un jour où je n’aurais plus que ça à faire… 😅
Cas des essaims non visibles
Je mets dans cette catégorie les essaims dans les cheminées, dans les murs, sous les toitures, à l’intérieurs de tronc d’arbre….
Il faudrait, en plus d’une très bonne patience, probablement un aspirateur à abeilles, sous réserve que l’essaim vienne d’arriver (c’est rarement le cas !). Dès que l’essaim s’installe, les abeilles commencent à construire des rayons de cire. Au bout de 3 jours, il n’est pas rare d’avoir généralement 2 rayons de la taille d’une main.
Je ne suis pas (du tout) couvreur, et l’idée même que je puisse mal remettre une tuile me gêne vis à vis des propriétaires, qui espèrent juste se débarrasser des abeilles… Pas sûre qu’un dégât des eaux en échange leur convienne vraiment.
Pour les cloisons, il faut les abattre.
Pour les arbres aussi.
Cas des essaims déjà installés
Sur les rares cas d’essaims installés que j’ai acceptés de traiter, ça a toujours été très long, pour un résultat plus que médiocre.
Le couvain n’est quasiment jamais récupérable (c’est tellement fragile, entre la cire qui se casse, ou le morceau qui ne veut pas tenir comme il faut dans un cadre de fortune, ça finit bien souvent tout écrabouillé !). On tartine du miel à peu près partout ; dès qu’on touche quelque chose, ça glisse ! (lève cadre, ou couvain précédemment cité. Je ne vous parle même plus de l’enfumoir). Une partie des abeilles mourra d’ailleurs dans le miel (en espérant que la reine en réchappe)…
Quand il faut y aller, allons-y, mais il ne faut pas espérer repartir avec l’équivalent du bel essaim sur 8 ou 10 rayons qu’on découvre alors…
Mais bon… Essayez quand-même si vous le souhaitez (au moins pour les propriétaires).
Pour que l’essaim vienne de lui-même
Sans aucune formule de grimoire (mais quelques ingrédients magiques que je vais vous dévoiler !), et comme aurait pu dire Lagardère « Si tu ne vas pas à l’essaim, laisse l’essaim venir à toi! ».
Aléatoire même tellement satisfaisante : la ruche-piège !
Il y a tant à dire que je vous propose un article sur la ruche piège ici
On verra aussi comment gérer la nouvelle colonie une fois les abeilles enruchées…

Nota : dès fois on peut vous contacter pour autre chose que des abeilles mellifères !
Pensez à bien faire préciser tous les éléments à la personne qui vous contacte afin de vous éviter du temps et du trajet pour des guêpes, des bourdons, des abeilles solitaires (dans la terre ou le sable souvent), voire des frelons (sic !).