Achats de ruches, d’essaims, de reines, les erreurs à éviter

Quel que soit son niveau, la plupart des apiculteurs sont amenés à acheter des ruches, peuplées ou non, des essaims, sur cadres ou nus, ou des reines, fécondées ou non.
Voici un article des précautions à prendre lors de ces achats.

acheter des ruches, des essaims, des reines…

Achat de ruches vides

Le choix du matériel de base est évoqué assez longuement dans cet article.
Une fois que vous avez opté pour un modèle de ruche(s), sachez qu’il est assez contre-productif d’en changer, ou de mixer les modèles. En effet le stocke de matériel devra également être adapté à votre modèle de ruche ; et les modèles ne sont généralement pas interchangeables. Il vous serait impossible d’introduire un cadre de couvain d’une ruche dadant, dans une voirnot, à moins de bidouillages plus ou moins aléatoires…

Choisissez des ruches montées ou en kit, essentiellement selon votre budget, et selon le temps dont vous disposez pour les monter. Le fabriquant peut normalement vous indiquez un ordre d’idée quant à la durée de montage.

Si vous souhaitez les peindre, comptez 2 à 4 couches de peinture (extérieure uniquement ! On ne peint jamais l’intérieur des ruches). Pour être passée par là, pensez à regarder déjà les peintures que vous souhaitez appliquer, et regardez les temps de séchage. C’est, in fine, souvent beaucoup plus long qu’il n’y paraît !

Il vous faudra ensuite peupler cette ruche

Acheter un essaim sur cadres

On appelle multiplicateurs, les apiculteurs qui se spécialisent dans la production et le commerce d’abeilles. Ils peuvent être également sélectionneurs, ou s’approvisionner en reines fécondées chez des apiculteurs sélectionneurs.

Vous pouvez donc leur acheter des essaims.
Ils sont généralement présentés sur 5 ou 6 cadres, avec 1 cadre de provisions, 1 cadre en cours de construction, et le reste en cadres de couvain. Cela ne fait pas une très grande différence que l’essaim soit sur 5 ou 6 cadres.

J’utilise des ruchettes 5 cadres pour le développement de mes petites colonies.

Dès que le cadre en construction est aux 3/4 construit, vous pouvez envisager de préparer le transvasement d’autant plus qu’il y a encore une miellée en cours.

Vous compléterez avec des cadres gaufrés (si votre modèle de ruche le prévoit), des cadres construits (si vous en avez de vos anciennes ruches et qu’ils sont assurément exempts de maladies, rappels ici sur les maladies des abeilles), un mix des deux, ou vous pouvez également jouer avec une partition pour agrandir la colonie petit à petit. Notez que cette dernière option exige une surveillance accrue afin d’être là quand il faudra ajouter un cadre supplémentaire, vous peine de voir vos précieuses abeilles partir dans un essaimage surprise…

Dans la nature, les abeilles choisissent le volume de l’emplacement où elles souhaitent s’installer. Puis elles vont plus ou moins doucement occuper tout l’espace disponible (avant d’essaimer). Elles démarrent donc dans un grand volume vide !
Raison pour laquelle je suis vraiment peu partisane des partitions (qu’on enlève et qu’on remet) dans les ruches.

Essaims en ruchettes perdues

Afin que vous puissiez venir, puis repartir avec vos ruches dans la foulée, il est possible que les ruchettes soient vendues dans des « ruchettes perdues ». Elles sont souvent en carton d’une valeur entre 10 et 15€ (2023). Vous pouvez les enduire de peinture, leur mettre une petite tôle sur le toit, et des lattes en dessous, et cette ruchette peut même vous resservir quelques années. Il est donc impossible de les ouvrir avant de repartir, sous peine d’y laisser toutes les butineuses qui vont s’empresser de s’échapper. Pour cette pratique, je vous suggère de choisir de préférence un apiculteur de confiance…

Essaims avec transvasement

Il est intéressant de visiter les abeilles que l’on achète, chez l’éleveur, au moment de l’achat. Cela permet de voir l’état sanitaire de la colonie, et d’apprécier sa force et son tempérament (voire de choisir une autre colonie, ou de renoncer simplement à cet achat, même si vous allez perdre un éventuel acompte déjà versé à la réservation). Les abeilles doivent approximativement recouvrir entièrement l’espace occupé par le couvain, et être installées sur le cadre en cours de construction.

Cette opération des plus plaisantes nécessite cependant de procéder au transvasement en fin de journée, puis patienter (parfois longtemps !) jusqu’à ce que les dernières butineuses soient rentrées !
(Donc soit attendre que la température baisse en dessous de 14°C, soit attendre la disparitions des derniers rayons du soleil)

Acheter un essaim nu

Si vous optez pour une Warré ou une kényane, il vaudrait (peut-être) mieux acheter un essaim nu. Il s’agit d’abeilles dans une cage à fines mailles, avec un nourrissement le plus souvent liquide disponible au compte goutte, et une reine encagée.

Ils sont plus rares à trouver, car ils tiennent moins longtemps dans le temps et doivent donc plutôt être préparés en fonction des commandes.

Leur préparation est également plus « fastidieuse » (à mes yeux en tout cas). Il s’agit d’avoir des reines (fécondées) en cagettes, de secouer les cadres plein d’abeilles jusqu’à en recueillir environ 1,5kg, et d’emballer soigneusement le tout. Dans cette opération, la reine mise dans l’essaim n’est pas forcément la mère des abeilles de l’essaim, et pour ainsi dire, les abeilles peuvent même venir de plusieurs ruches.

Pour ma petite expérience personnelle, le taux de viabilité d’un essaim nu est nettement inférieur à celui d’une ruchette. En partie aussi car la ruchette contient du couvain et des provisions, alors que l’essaim nu est à nourrir quasi obligatoirement et d’autant plus qu’il a été constitué il y a « longtemps », et qu’il va souvent falloir que les abeilles construisent les cadres avant que la reine puisse y pondre.

Cela reste cependant une solution pour ne pas avoir à « triturer » des cadres d’une autre dimension pour enfiler un essaim dans une ruche à barrettes, ou d’ailleurs dans toute ruche d’un autre format que celui acheté !

Autre avantage : cela simplifie grandement un traitement varroa que vous pouvez faire dès leur arrivée (par dégouttement). La plupart des parasites sont également évités dans ce mode de transport.

Il est cependant absolument impossible de juger de la qualité de la colonie.

Notez que cette présentation est faite pour ressembler au plus près à un essaim « sauvage », à la différence que vous connaissez normalement le pedigree de la reine.
Si ce pedigree vous incombe peu, partez plutôt sur un essaim « sauvage » ; il suffit de donner votre numéro de téléphone à quelques mairies des alentours, aux pompiers, et vous aurez des appels dès la saison des essaims ! (au risque de vous retrouver tout de même avec des abeilles capricieuses, agressives, et/ou encore une souche essaimeuse, les pires ne faisant que décamper sans jamais produire de miel pour l’apiculteur)

Acheter une ruche en production

Il est également possible quasiment tout au long de la saison, de trouver des ruches complètes, d’apiculteurs qui généralement diminuent fortement leur cheptel, ou cessent leur activité (retraite, changement de vie..) (d’autres raisons, plus rarement évoquées, sont cependant tout à faire possibles bien sûr !).

Là, tout est possible. Avec hausse, avec plusieurs hausses, sans hausse… La ruche est généralement vendue « en l’état », le plus souvent totalement au stade des autres ruches du secteur. Cela peut être un excellent investissement (bien que plus cher), car vous n’avez plus qu’à poser la ruche et continuer son cycle saisonnier, elle est déjà en production.

Combien en acheter

Selon leur politique de vente, les achats peuvent commencer à 1 pièce, ou exiger un minimum de plusieurs pour valider la transaction. A vois de voir s’il peut être intéressant de vous regrouper avec d’autres collègues pour acheter un lot, et souvent de bénéficier de tarifs dégressifs.

Acheter des reines

Acheter des cellules royales

C’est l’opération la moins onéreuses (autour de 10€ selon quantité en 2023). C’est aussi la plus risquée. Les cellules sont en effet très fragiles, le moins choc peut les endommager. Elles sont également sensible aux températures, les plus précautionneux trouveront de quoi transporter leurs cellules dans de petites couveuses qui se branchent sur l’allume-cigare pour maintenir la température entre 32 et 35°C et envire 70% d’humidité. Au stade où elles sont vendues, les reines ne sont normalement plus sensibles aux vibrations.

Il faut préalablement avoir orpheliné les essaims de destination des cellules depuis 3 à 6 jours, et ôté toutes les cellules royales construites sur les cadres.

La cellule est ensuite introduite, dans un protège-cellule, dans ou autour du couvain sur cadre central de la colonie.

Selon la date indiquée par le fournisseur, vous pourrez vérifier la naissance de la reine en récupérant le protège-cellule 2 ou 3 jours après la date de naissance théorique. Vous devez trouver dedans la cellule royale délicatement découpée d’un cercle « parfait ». N’y touchez pas plus, les reines vierges courent très vite, volent possiblement, sont d’une taille encore toute petite à peine plus grosse qu’une abeille… Vous risquez plus de catastrophe(s) en la cherchant, qu’en laissant faire la nature.

Un quinzaine de jours après, surtout s’il a fait beau et chaud plusieurs jours de suite, vous pouvez aller contrôler la ponte. Vous devez voir plein d’œufs au fond des cellules les plus au centre de la colonie.

Si vous n’êtes pas habitués, je recommande d’attendre encore un dizaine de jours pour chercher vraiment la reine et la marquer. Elle aura en effet sûrement moins envie de s’envoler, elle sera plus grosse et plus facilement trouvable, après 15 jours de ponte, vous pourrez admirer si elle a un beau couvain compact et homogène !

Acheter des reines vierges

C’est à mes yeux une opération délicate qui comporte assez peu d’avantages. La colonie obtenue sera hybridée car les mâles qui auront fécondé votre reine n’auront pas été sélectionnés. La jeune reine farouche a des risques de se faire la malle avant que vous l’ayez introduite. Et sans ses phéromones de reine en ponte, elle a aussi des risques de ne pas se faire accepter.

Voyez avec votre fournisseur pour ses recommandations pour l’introduction de reines vierges.
Mes connaissances s’arrêtent à des reines fraichement nées (moins de 24h), qu’il faut introduire dans des cellules de re-naissance, et toujours des essaims orphelinés si possible depuis plusieurs jours et sans cellules royales ni possibilité de faire d’élevage.
La maîtrise de ces cellules de re-naissance demandent un petit coup de main…
Maigre avantage : vous pouvez marquer la reine vierge quand elle passe dans vos mains.

Acheter des reines fécondées ou inséminées.

C’est malheureusement une solution « de dernier recours » quand des apiculteurs novices paniquent en fin de saison en ne trouvant plus de reine dans leur ruche. (Elle y est pourtant souvent quand-même !!!).
Je préfère y voir l’occasion d’avoir quelques souches sur lesquelles je vais faire mes greffages pour le reste de mes colonies (ou mieux, je peux même voir en saison (il faut donc un peu de patience) laquelle de mes reines fécondées ou inséminées forme la plus belle colonie pour ne multiplier qu’elle !).
C’est en tout cas, à mes yeux, un budget tel qu’il est impensable d’avoir 20, et encore moins 50 ruches, avec des reines du commerce entre 20 et 50€ la reine fécondée, et autour de 100€ à 500€ pour une reine inséminée selon la souche (tarifs 2023).

La plupart des vendeurs utilisent une cagette d’expédition avec une languette escamotable, qu’il suffit de casse pour donner accès à une réserve de candi. En grignotant le candi, les abeilles libèrent la reine petit à petit en quelques heures. Elles ont normalement assez de temps pour avoir le temps de se familiariser avec la nouvelle reine, et l’accepter lorsque celle-ci est enfin libérée.
Ca c’est la théorie, et ça fonctionne assez bien si vous avez des abeilles encore « très buckfast » et que vous introduisez une reine buckfast. Je n’ai pas d’informations sur les carnicas, caucasiennes, etc. Par contre, il est beaucoup plus délicat d’introduire une reine « buck » sur de l’abeille noire !

Plus long, mais je trouve plus efficace : l’introduction de la reine, en la plaçant sous une grille sur du couvain naissant. Il faut évidemment trouver un cadre de couvain naissant. Placez la reine, sans vieille abeille, sous la grille et pressez la grille pour enfermer la reine, et bloquer les abeilles à l’extérieur. Au cours des heures qui vont suivre, de nouvelles abeilles vont naître sous la grille et s’occuper de la reine. Celle-ci va pouvoir recommencer à pondre dans les cellules libérées.
Il est fort probable que dès le lendemain, les abeilles aient finalement creusé sous le grillage et libéré la reine, acceptée.
Les avis varient quant à la durée pendant laquelle laisser la reine sous la grille, ou du moins la grille dans la ruche. 48h en général, jusqu’à 10 jours pour d’autres….
Vous veillerez à écarter un peu plus que de coutume les cadres autour de cette grille, afin qu’il puisse y avoir du contact avec l’odeur de la reine sur toute la surface de la grille.

Attention… Après quelques jours en cagette, même une reine fécondée peut tout à fait s’envoler !

Acheter des cadres de couvain

C’est une pratique assez courante…
Dans certains cas, vous pouvez même acheter un cadre « à greffer », mais je ne recommande cette solution que si vous avez très peu de route, les larves étant très sensibles (température, dessèchement, vibration qui les font glisser…).
J’ai par contre eu l’occasion d’aller greffer chez un sélectionneur, et je suis rentrée chez moi avec mes cupules garnies. (La suite de l’histoire dit que j’ai eu une cinquantaine de reines, ce qui est plutôt très satisfaisant. Mais que je m’y suis prise tard en saison, et j’ai eu des soucis sur le rucher, j’ai dû déménager tout le monde dans la précipitation, ce qui a finalement donné un taux de mortalité absolument catastrophique, seule une poignée de ruchettes était encore en vie au printemps suivant…)

Si vous ne souhaitez pas vous enquiquiner avec du greffage, il suffit d’introduire votre cadre de jeune couvain dans une colonie orpheline. Veuillez à ce qu’elle ne puisse pas élever sur d’autres larves que celles de votre cadre, soit en ayant préalablement supprimé tous les cellules royales depuis plusieurs jours, soit en ayant supprimé tout couvain de la ruche(tte) (et laissé des provisions de miel et de pollen !!).
Vous n’aurez cependant d’une seule reine par cadre (à moins d’arriver à prélever des cellules du cadre, mais il faut que les cellules à prélever soient (vraiment) bien placées pour pouvoir découper le cadre sans toucher à la cellule royale)

Questions préalables

Il peut être intéressant de connaître (évidemment) l’origine de la reine. C’est effectivement l’occasion de renouveler la génétique de son cheptel, et probablement la meilleure raison qui peut vous pousser à acheter. Et pour qui ne souhaite pas faire l’élevage, cela permet de connaître les caractéristiques de la future colonie.

Un autre question à poser à l’éleveur concerne le protocole de traitement varroa de ses abeilles. Idéalement, on repart avec la date et la molécule utilisée lors du dernier traitement.
Sinon dans tous les cas, on peut tester les chutes naturelles de varroa(s), et agir en conséquence. (l’article qui parle du varroa est ici).

C’est également facultatif, mais vous pouvez demander si l’essaim a été récemment nourri. Avoir cette information peut aider à comprendre avec quoi vous allez démarrer.

N’hésitez pas à lui poser des questions, ou à l’informer que vous débutez si c’est le cas. Il devrait savoir adapter son discours et vous fournir des conseils adaptés à ce que vous savez déjà faire. (Notez que ce ne sera pas forcément le cas si vous achetez non pas directement au producteur, mais déjà à un revendeur !)

J’attire votre attention sur un « détail » : lorsque vous achetez des abeilles, je vous recommande de rester près de chez vous.
Non seulement vous aurez moins de frais de route, et vous aurez plus probablement un modèle de ruche adapté à votre région, mais il a surtout été prouvé ceci :
Des abeilles « du sud », habituées à la miellée de lavande, et déplacées en région parisienne, continuaient à avoir un pic de population lors des dates de la miellée de lavande (alors qu’il y a absolument rien en Île-de-France à la même époque). Il a fallu 2 ans à la colonie pour établir un cycle de couvain réellement cohérent avec les miellées de leur nouveau rucher « parisien » !

Second détail…. Etant donné le nombre de vols qui ne cessent de croitre malheureusement, je vous suggère de vérifier que les ruches portent bien le numéro d’apiculteur du vendeur, ou qu’il a une facture pour justifier l’achat des boîtes à un autre apiculteur. Les ruches qui vous sont vendues doivent être visuellement assez homogènes dans leur conception, leur couleur, et posséder la « touch » de l’apiculteur (on a tous nos « trucs », même si on peu changer toutes nos boîtes et revendre les plus anciennes à cette occasion, et avoir donc 2 ou 3 (mais pas 10) modèles de ruches). Vous-même, vous garderez précieusement votre facture, mentionnant si possible l’identification des ruches le cas échéant.
Vous identifierez ensuite également les ruches avec votre numéro d’apiculteur.
En cas de doute, prévenez la gendarmerie et donnez leur toutes les informations. Il est urgent de cesser ces trafics !
(J’ai encore 45 ruches « dans la nature », qui m’ont été volées, et qui n’ont pas encore été retrouvées… Cela n’arrive pas qu’aux autres.)


Si vous avez des questions : contact@mesateliersdapiculture.com
Si vous cherchez un essaim dans le quart Nord-Est de la France, j’en aurai de disponibles prochainement.


Selon disponibilités :
Abeilles sur 5 cadres dadant bio (sans la ruchette)

Abeilles en ruches dadant 10 cadres (bio ou conventionnel)
Reines fécondées (identiques à celles de mes ruches en production)
A venir chercher dans la Marne (51) à proximité de Châlons-en-Champagne, ou installation chez vous (sous conditions) avec possibilité d’un cours particulier d’apiculture.
Contactez-moi pour en savoir plus et réserver vos abeilles.

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