➡Pour prévenir l’essaimage
➡Technique avec recherche de la reine
Nous avons vu (ici) que l’essaimage est le processus naturel de multiplication chez l’abeille. Je vous ai proposé un article portant sur l’observation des cellules royales. C’est la base pour contenir une ruche qui menace d’essaimer. Je vous propose ci-dessous de gagner encore du temps en créant un essaim artificiel à l’occasion de cette prévention contre l’essaimage !
Introduction
On peut être pour, ou contre, faire des essaims artificiels. On peut trouver ça compliqué, pénible, et se contenter de retirer les cellules royales tous les 3 à 6 jours environ (en priant pour que la météo ne vienne pas interrompre ces indispensables vérifications).
C’est vrai que c’est long. Il faut examiner chaque cadre, chaque recoin. Car oui, les abeilles, petit à petit, « apprennent » à camoufler les cellules. Il faut alors chercher dans des renflements peu visibles. Secouer les abeilles, qui n’apprécient pas souvent la blague. Souvent faire aussi tomber du nectar un peu partout (et toujours un peu sur ses vêtements).
C’est vrai que c’est fastidieux. Il faut faire attention à ne pas rater une journée. A ne pas rater une cellule. Sinon tout ce travail acharné sera réduit à néant, et votre ruche se videra de sensiblement la moitié de ses abeilles.
MAIS CE N’EST PAS UNE FATALITE !
Grâce aux cadres mobiles, il devient facile de retirer une petite fraction de la colonie. Ce procédé permet de faire passer la fièvre de l’essaimage (au moins un temps), et laisse les abeilles se concentrer sur d’autres tâches.
Créer un essaim artificiel implique de remplacer les cadres prélevés. En donnant des cadres à étirer aux abeilles, on donne des alvéoles à pondre à la reine. Et les abeilles auront ensuite encore des larves à nourrir sur ces cadres fraichement pondus ! De quoi avoir un peu de répit ! Au moins 2 semaines, puis le calendrier dépend beaucoup de la qualité de ponte de votre reine et de l’état d’avancement de la miellée.
Principe de l’essaim artificiel
Alléger la population
L’immense majorité des ruches qui essaiment sont très populeuses. C’est même probablement en partie cette densité d’abeilles dans un volume trop étroit, qui pousse les abeilles à entamer le processus d’essaimage. (Rappelez-vous du confinement de mars 2021…)
Lors d’un essaimage, c’est environ la moitié de la population d’une ruche, qui part avec la vieille reine.
Il peut régulièrement se produire plusieurs essaimages d’affilé. On parle d’essaim primaire, puis d’essaims secondaires. Les essaims secondaires partent donc avec une reine vierge. Ils sont souvent plus volatiles, et tiennent moins en place. Mis en ruche par un apiculteur, ils peuvent assez facilement décamper (peut-être lors de la fécondation de la reine vierge ?).
Si l’essaim que vous venez d’enrucher se fait la belle dans les heures ou les jours qui suivent, vous avez probablement cueilli un essaim secondaire.
Dans de rares cas, les essaims se succèdent jusqu’à mettre en péril la survie de la ruche de départ. En effet, s’il n’y a pas assez d’abeilles pour s’occuper du couvain, ramener des provisions, la ruche peut facilement péricliter.
Blocage de ponte
La colonie peut aussi entamer la procédure d’essaimage si la reine ne pond plus par manque de place. C’est encore un problème de densité, mais vu sous un autre angle.
Comme elle ne pond plus, la reine va « mincir », et redevenir apte à voler.
J’avoue que mon expérience ne me permet pas d’être vraiment formelle, quant à savoir si la ponte de la reine s’arrête d’abord pale blocage de ponte, ou si c’est une conséquence de l’entrée en essaimage de la ruche.
Dans tous les cas, pour voler de nouveau, la reine doit cesser de pondre.
Si vous commencez à voir du nectar dans la zone de couvain, et si vous ne voyez plus d’œufs… Menez l’enquête !
Matériel
Pour l’essaim artificiel
Il faut autant de ruchettes que vous aurez le souhait de faire d’essaims.
Les ruchettes sont constituées « normalement » avec un plancher, un toit, un corps, et un couvre-cadres.
Pour la ruche pourvoyeuse
Il faudra prévoir autant de cadres cirés que vous prévoyez de prélever de cadres.
Les cadres de remplacement ne sont effectivement pas des cadres bâtis. C’est l’occasion de remplacer vos 2 cadres annuels si vous ne l’avez pas encore fait ! Vous prélèverez cependant les cadres utiles à vos essaims, et pas forcément les 2 cadres que vous aviez prévu de changer cette année.
Comptez de prélever en moyenne 2 cadres par ruche forte.
Si la ruche est moyennement forte, vous pouvez n’en prélever qu’1 seul.
Avantages de créer un essaim artificiel
Cette inspection en profondeur de tous les cadres de la ruche est l’occasion de faire un petit check-up complet.
– marquage de la reine
– vérification de l’état des cadres
– vérification des provisions
– comptage des cadres de couvain
– 1re suppression des cellules de mâles
– vérification sanitaire (et absence de varroa)
➡ Notez ces informations sur la fiche de la ruche 😊
Cela permet aussi d’inspecter minutieusement tous les cadres à la recherche d’éventuelles cellules royales en cours de construction.
Faire (ou savoir faire) des essaims permet de pouvoir remonter son cheptel en cas de problème… Et il y a mille occasions de perdre des ruches.
Les essaims réalisés à cette occasion auront des jeunes reines de l’année.
Selon la quantité de cadres de couvain au départ (de 1 à 7 par exemple), vous pourrez espérer une production lors de la miellée d’été, ou avoir des ruchettes prêtes à mettre en ruche au printemps suivant.
Inconvénients
Il faut chercher la reine…
C’est également un « problème » si vous ne souhaitez pas du tout augmenter votre nombre de ruches. Ceci bien que les hivers, les frelons, nous donnent régulièrement l’occasion de récupérer des ruches vides 😥
Faire un essaim artificiel en cherchant la reine
C’est encore une occasion à ne pas manquer de la marquer ! 😉
Mais oui, ça prend du temps. Beaucoup de temps. A chercher la reine sur les cadres. Ne pas la trouver. Recommencer à examiner chaque abeille.
Mais étant donné qu’on est déjà là pour scruter les cadres à la recherche de cellules royales… On peut bien balayer du regard chaque face, aussi à la recherche de la reine.
Et la trouver est vraiment LE moyen de s’assurer qu’elle est bien là !
Nous sommes donc dans le cas où la ruche n’a pas essaimé, et vous avez trouvé la reine. (voir plus bas : « trouver la reine à coup sûr »)
1/ Isolez la reine
Isolez votre reine dans la pince à reine (ou tout outil de contention/stockage qui la met en sécurité). Gardez la reine à l’abri du plein soleil. Ne la posez pas sur une tôle chaude.
2/ Choisissez les cadres pour votre essaim artificiel
Prélevez 1 cadre de couvain ouvert, et 1 cadre de couvain operculé, ou 2 cadres de couvain ouvert.
S’il y a déjà des cellules royales, veillez à les laisser pour gagner quelques jours.
Vous pouvez également choisir de laisser les cellules sur les cadres issus de vos meilleurs ruches, et supprimer les autres.
Ne prenez un cadre de provision que si a. vous en avez besoin pour votre essaim et b. les provisions de la ruche pourvoyeuse le permettent.
Notez que prélever un cadre de provisions diminue moins l’envie d’essaimer d’une ruche que prendre du couvain. En effet, vous n’agissez pas sur sa population. Vous allez seulement lui fournir un peu de travail avec l’apport d’un cadre ciré.
3/ Remplacez les cadres prélevés à la ruche pourvoyeuse
Replacez les cadres prélevés par des cadres cirés.
Je vous recommande de garder l’ordre des cadres, mais vous pouvez intercaler les cires « où vous voulez ». Mais il est justement judicieux de les placer aux bons endroits ! 😉
Il est intéressant de placer ces cadres dans le couvain pour enrayer la fièvre d’essaimage.
En pleine miellée de printemps (époque privilégiée de l’essaimage), je place mes gaufres généralement en positions 3 et 7. Cela sépare mon couvain en 3 (rive gauche, centre, rive droite).
Mise en garde
🔺 On ne sépare pas le couvain avec une gaufre par des températures nocturnes inférieures à 10°C, ni hors miellée.
Dans le premier cas, les abeilles auraient du mal à chauffer le couvain alors éclaté. Et dans le second, les abeilles ne sauraient pas bâtir la cire par manque d’apports de nectar.
En période fraiche : il est en général trop tôt pour faire des essaims.
Hors période de miellée : on peut prélever 1 cadre, et on peut placer la gaufre en bordure de couvain.
Combien d’essaim créer
En fonction de votre nombre de ruches pourvoyeuses, et du nombre d’essaims que vous souhaitez créer, vous pouvez mettre entre 1 et 7 cadres de couvain dans votre essaim artificiel. Vous veillerez à ce qu’il y ait assez de provisions (surtout en cas de mauvaise météo), assez d’abeilles pour couvrir tout le couvain.
Plus l’essaim sera petit, plus il nécessitera de surveillance.
Le cas échéant, c’est l’occasion idéale pour introduire une cellule royale, ou une nouvelle reine
Quand fabriquer des essaims artificiel pour prévenir l’essaimage ?
Il n’y a pas de réponse stricte à cette question.
Cela dépend :
- de la force de vos colonies : généralement, les plus fortes veulent essaimer les premières
- de l’âge de vos reines : les reines ayant déjà fait une saison sot plus enclines à essaimer
- de vos souches : certaines colonies essaimeront quoi que vous fassiez. (Pensez-y lorsque vous récupérez un essaim « sauvage »)
- de la miellée en cours : les grosses miellées sont très stimulantes pour les abeilles, notamment le colza.
- de la météo : un confinement imposé par la météo peut inciter les abeilles à entamer un élevage royal. Il est ensuite alors difficile d’être « partout à la fois ». Surveillez les prévisions météorologiques et anticipez vos visites.
Surveillance
Une fois l’essaim créé, il lui faudra créer une reine, ou accueillir celle que vous lui fournirez.
Laisser faire la nature
Vous pouvez laisser les abeilles se débrouiller. Si vous avez introduit un cadre déjà pourvu de cellules royales, vous avez déjà gagné quelques jours.
Dans tous les cas, reportez-vous à cet article sur l’élevage de reine. Même sans avoir pratiqué de greffage, vous aurez tous les éléments.
Les dates à retenir :
La reine met 16 jours pour naître depuis la ponte de l’œuf.
La reine naît en « décapuchonnant » sa cellule.
Il faut une petite semaine à la reine pour aller se faire féconder.
Il faut encore un petite semaine à la reine pour pondre après avoir été fécondée.
Soit au maximum environ 1 mois entre l’orphelinage de la colonie, et la ponte de la nouvelle reine.
Introduire une reine
Tout est expliqué dans cet article ! 😉
La création d’essaims artificiels est vraiment l’occasion rêvée pour introduire une nouvelle reine !
Et c’est comme ça que je procède depuis que j’ai commencé l’apiculture !
Nourriture
Surveiller les provisions est absolument indispensable. Et ce, d’autant plus que les petites colonies sont petites !
Le moindre empêchement pour les butineuses de ramener du nectar et du pollen met en danger toute la petite colonie.
Autant que possible, vous pourvoirez vos essaims d’un cadre de provisions par essaim.
A défaut, vérifiez régulièrement leurs provisions. Nourrissez au moindre doute au sirop 50/50, et apport protéiné en cas de besoin.
Je vous invite à noter tous vos passages et vos interventions sur votre fiche de suivi de ruche.
Dans la mesure du possible, établissez également une fiche de suivi d’élevage (voir article correspondant)
Rappels
Je vous invite à avoir toujours en tête (jusqu’à la fin de votre dernière saison apicole) le déroulé de la vie larvaire d’en reine.

Rappels utiles :
N’importe quelle larve a le potentiel pour devenir reine, tant qu’elle a au plus 3 jours du stade de larve, soit jour 6 depuis la ponte (au delà, les larves sont trop vieilles).
Une fois operculées, les larves naissent en moins d’une semaine.
Les ruches sont à surveiller comme le lait sur le feu autour de 80% d’occupation en couvain.
En dessous de 7 cadres de couvain, la surveillance peut être moyenne. Elle devrait monter à 8 cadres de couvain en moins de 7 jours en cas de miellée (sinon, ce n’est peut-être pas une ruche à garder 😅 )
Conclusion
Pour faire du miel de printemps : surveillez vos ruches, évitez les essaimages.
Pour éviter l’essaimage : surveillez vos ruches, établissez un calendrier de passage.
Pour établir un calendrier de passage : faites des fiches de suivi de vos ruches, suivez la flore, surveillez la météo.
Pour ne pas perdre les qualités génétiques de vos reines : prévenez les essaimages.
😉
