Atelier : Lombricompostage

Quand on aime les abeilles, j’ai tendance à aimer croire que c’est par amour des petite bêtes, amour du vivant et honneur de la Vie…
Cela passe par le respect de la planète… Notre pauvre Terre un peu malmenée, quand la gestion de l’eau potable laisse aujourd’hui à désirer, que nos détritus s’entassent dans les pays les plus pauvres…
Je voudrais donc vous parler du lombricompostage à travers un petit atelier pour apiculteurs écolo 😉

Définitions

Revenons déjà sur la définition du lombric, du vers de terre, du lombricompostage, du compost… histoire de faire le tri (n’est-ce pas !).

Les vers de terre

Il existe en réalité plus de 3000 espèces de vers sur Terre, mais seulement 3 sont idéales pour l’atelier qui nous intéresse. Et paradoxalement, ce ne sont pas les lombrics, qui aèrent le sol et vivent plutôt dans les profondeurs, mais les vers de compost, qui vivent dans les 20 premiers centimètres de terre. Le lombricompostage est en réalité du vermicompostage !

Vermicompostage, lombricompostage, compost…

Le lombricompostage n’est qu’un terme marketing, le lombric étant supposé peut-être plus ragoûtant qu’un vulgaire ver ?
A moins que le ver soit trop pénible à écrire. Si peu qu’un ver suivi d’autres vers, allaient vers un verre vert, il y a de quoi y voir rouge, non ?!
Donc techniquement, qu’on parle de lombricompostage ou de vermicompostage, c’est pareil : il s’agit bien de vers de terre.
Il est parfaitement adapté à la vie en intérieur et trouve généralement sa place dans un coin de la cuisine.

Le compost quant à lui, se fait dehors, généralement dans un plus grand volume, et ne fait pas intervenir d’animaux volontairement introduits par l’homme.

Utilité

Le lombricompostage est une méthode écologique et durable de traitement des déchets organiques (c’est à dire tout ce qui a été vivant). Il est facile à réaliser à petite échelle dans les jardins et les maisons ou les appartements. Inodore, il trouve sa place généralement plutôt dans la cuisine (pourvu que ce soit éloigné des vibrations, donc loin d’un lave-vaisselle ou d’un plancher). Et il peut également être utilisé à plus grande échelle dans les fermes et les entreprises motivées pour produire du compost pour l’agriculture et l’horticulture. Surtout, il contribue à réduire la quantité de déchets envoyés dans les décharges et permet de produire un engrais naturel de qualité supérieure pour les plantes.
D’ailleurs sous les ménages devront pouvoir trier leurs déchets alimentaires à partir du 1er janvier 2024 ! Article ici.

Introduction au lombricompostage

Donc le lombricompostage consiste à donner ses déchets de fruits et légumes à recycler, à des vers, dans un ou plusieurs bacs généralement en plastique durable. Histoire de commencer en douceur, j’ai pris la solution à 1 seul bac comme expliqué ici.

De cette dégradation, le plus important à noter est qu’il ne ressort aucune odeur ! (ce qui n’est généralement pas le cas de tous les bacs à compost) D’ailleurs, si ça se met à sentir, c’est qu’il y a un problème. La vidéo qui m’a servi de support (ici) explique comment organiser l’apport des aliments. Avec cette méthode, il devient facile de retirer les déchets qui ont posé problème.

Au bout de quelques mois, les vers ont transformé les matières organiques en lombricompost, que vous pouvez utilisez à raison de 1/3 dans vos plantations. Il est aussi possible de récupérer du « lombrithé », alia « jus de compost », très riche également. Celui-ci s’utilise dilué à 1/10 comme engrais vert !
Notez que la vitesse de dégradation dépend du nombre de vers, du volume disponible, et de si vous avez donné des gros aliments ou s’ils ont été coupés.

Les avantages du lombricompostage

C’est donc non seulement rigolo (oui, moi ça m’éclate d’avoir adopté des vers de terre et de les observer !).
C’est aussi ludique (pour apprendre à recycler et voir la matière se dégrader de jour en jour)
C’est également écologique (ça réduit nettement le volume de la poubelle).
Et c’est utile pour la planète comme pour nos plantes et nos légumes ! (et hop, la boucle est bouclée !)

Il existe des lombricomposteurs dans le commerce. Ils sont cependant excessivement onéreux, aussi je ne saurais que vous recommander d’aller directement trouver des tutos sur youtube ! Hormis quelques règles à respecter, c’est excessivement simple !

Comment démarrer un système de lombricompostage

Donc un lombricomposteur se fabrique à l’aide de quelques bacs plastiques empilables avec couvercles (ou plus rarement un seul bac avec couvercle, mais c’est plus rare et moins facile à gérer).
Vous en avez aussi pléthore sur les petites annonces locales à moitié prix du neuf.
Mais rien ne vous empêche d’investir dans le dernier modèle du marché évidemment.

Concernant les vers, dans le même ordre d’idées, vous pouvez en acheter sur internet, en trouver à moitié prix ou en don sur les petites annonces, ou aller dans le jardin.

Notez qu’il est recommandé de commencer avec 500g de vers, soit 1000 vers. J’avoue avoir actuellement autour de 150 vers (je les ai comptés en les ramassant et ils ont dû déjà se reproduire !), et un petit bac unique de quelques litres pour la mise en route chez moi.
Alors certes, le système n’est pas encore en mesure d’assimiler tous les déchets verts de la maison, mais c’était ma meilleure solution 😊

Il faut donc alimenter ses vers proportionnellement à la population et au volume que vous avez mis à leur disposition.

Les vers adorent… le carton, le papier, le sopalin ! Ce sont aussi des régulateurs essentiels de l’humidité. Il faudra donc en apporter régulièrement aux vers, idéalement en morceaux, à volume équivalent au volume de végétaux. Vous pouvez par exemple utiliser, après les avoir réduits en morceaux de 3x3cm (une saine occupation pour les enfants !) le rouleau de papier toilette, les facturettes de CB, les contrôles d’histoire, les cartons Amazon (sans le scotch ni d’étiquettes plastifiées)… Il doit régner dans votre lombricomposteur entre 70 et 90% d’humidité.
Attention au sopalin, car il assèche beaucoup le bac de vos vers !

Les erreurs courantes à éviter

Surtout au début, quand votre bac ne sera pas encore en mode de routine, il est important de faire des apports réguliers mais en petites quantités. Vous verrez rapidement leurs aliments préférés, les plus faciles à transformer, ou ceux à éviter ^^

D’ailleurs, les vers sont végétaliens ! Ils ne décomposeront pas les protéines. Donc pas d’os, d’arrêtes, de laitages (vous pouvez par contre les mettre au compost).
Les vers apprécient de temps en temps quelques coquilles d’œufs broyées pour faire un apport de calcium, et rééquilibrer le pH du bac à lombricompost.

Les vers ne raffolent pas non plus des féculents type pâtes, riz, pain, pommes-de-terres. Ils sont donc à donner avec parcimonie lorsque le lombricomposteur tourne déjà bien.

Les oignons, ails, poireaux, échalottes… ont des propriétés vermifuges… Inutile donc de les proposer à vos vers !

Les vers respirent par leur peau. Celle-ci doit donc rester humide, et de l’air doit circuler. C’est un point essentiel à contrôler, sinon vous allez de toute façon rapidement vous heurter aux problèmes des bactéries anaérobies qui sentent mauvais, et aux décès de vos vers…

Un autre paramètre ESSENTIEL est la température. Ces petits vers à compost vivent entre 15 et 25°C. En dessous de 15°C, ils entrent en diapause, et en dessous de 0°C ils meurent. Au dessus de 30°C, ils vont aussi avoir la fâcheuse tendance à ne pas survivre non plus… C’est pourquoi c’est finalement la meilleure solution de le garder dans la maison plutôt que dans le jardin…

Attention à ne pas tomber dans le trop sec ni dans le trop humide. Si trop sec : diminuez les apports de carton/papier, si trop humide : ajoutez du papier/carton en morceaux, une poignée à la fois, en mélangeant, pour absorber le trop-plein d’eau.

Il faudra aussi remuer de temps en temps votre compost. Si votre lombricomposteur est trop compact, les vers ne pourront pas respirer, et les bactéries anaérobies vont se développer (et ça va puer)

Nota : si vos vers n’apprécient pas les conditions de détention (famine, vibrations, mauvaises températures…), ils n’hésiteront pas à s’échapper 😅

Comment utiliser le compost de lombricompostage

Si vous respectez le mode de vie de vos petits vers, vous pourrez obtenir un magnifique lombricompost au bout d 4 à 6 mois.

Le lombricompost s’utilise mélangé à du terreau ou à de la terre. Vous pouvez vous contenter d’un apport par le dessus sur quelques centimètres, ou en griffant légèrement la terre pour mélanger. Vous introduirez certainement quelques vers au passage, aussi pour ne pas les tuer, il faut utiliser une griffe ou une fourche-bêche. La légende qui dit qu’un vers coupé en deux va donner deux vers est totalement fausse bien sûr. Les vers peuvent tout au plus perdre un tout petit bout de queue, comme les lézards.

Sur la plupart des modèles (sauf : modèle en bois, et modèle 1 bac), vous allez également récupérer du lombrithé. Cela peut prendre un temps totalement variable, qui va dépendre de l’humidité dans le lombricompost. Globalement au bout de 6 mois vous pouvez espérer récupérer le précieux liquide.
Notez que certaines plantes en raffolent et vous donneront de superbes feuilles format XXL et de bons légumes.


Rappel : le lombricompost s’ajoute à raison de 1/3 à 1/5 avec de la terre ou du terreau, ou sur quelques cm au jardin, à mélanger à la griffe.
Le lombrithé est à diluer au 1/10 à de l’eau, et peut s’utiliser 1 à 3 fois par semaine.

Vous pouvez stocker des produits, mais ils perdent en nutriments et donc en efficacité avec le temps.
Le lombrithé se garde en bouteilles semi-ouvertes pendant quelques semaines.

Nota : le lombrithé « sent ».

Conclusion

Amis des abeilles, j’espère que cet article écolo aura trouvé votre intérêt pour le lombricompostage. Je vous invite globalement à réfléchir, au même titre que notre passion pour l’apiculture sert la pollinisation, à regarder d’un œil curieux ce qui se passe sous nos pieds… Quand le labour du tracteur, les produits phytosanitaires, les terrassements à tout va… tuent la biodiversité du sol. L’idée n’est pas d’être alarmiste (quoique, ce serait peut-être le bon moment de tirer la sonnette ? ), mais de vous suggérer un nouvel atelier ! (pour les jours de pluie par exemple !😂 )


BONUS : un court métrage qui m’a profondément touchée… cliquez ici grâce à votre télencéphale hautement développé !😉


PS : oui, c’est un petit geste, et ce n’est pas en recyclant mes pelures de légumes que ça va changer le monde. Mais c’est la même histoire que l’histoire du petit colibri, vous la connaissez ?

Un jour, dit la légende, il y eut un immense incendie de forêt. Tous les animaux terrifiés, atterrés, observaient impuissants le désastre. Seul le petit colibri s’activait, allant chercher quelques gouttes avec son bec pour les jeter sur le feu. Après un moment, le tatou, agacé par cette agitation dérisoire, lui dit : « Colibri ! Tu n’es pas fou ? Ce n’est pas avec ces gouttes d’eau que tu vas éteindre le feu ! »
Et le colibri lui répondit : « Je le sais, mais je fais ma part. »

 légende du colibri telle que la raconte Pierre Rahbi
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