Multiplier ses ruches

Devenir apiculteur peut être une passion, ou le début d’un métier !
Quoi qu’il en soit, un apiculteur est quasiment toujours amené, un jour ou l’autre, à se trouver dans la nécessité de multiplier ses ruches…

Alors que vous ayez des ruches trop populeuses à diviser impérativement, ou que vous souhaitiez plus de ruches, cet article devrait vous intéresser !

Diviser ses ruches est une méthode courante pour créer de nouvelles colonies à partir de colonies existantes. Cela permet non seulement d’augmenter le nombre de colonies, mais aussi de prévenir l’essaimage naturel de ses ruches en production.

Voici différentes méthodes pour diviser une ruche :

Multiplier ses ruches peut se justifier par le désir de travailler plus de ruches, ou compenser les pertes hivernales par exemple…

Multiplier ses ruches par division pure et simple

Cette méthode consiste à prendre la ruche souche, de préférence une bonne colonie, qu’on souhaite multiplier pour avoir plus de ruches de qualité similaire. Ensuite, avec ou sans recherche de la reine, on la divise en deux parties égales.
Les ruches sont ensuite complétées avec des cadres gaufrés, en laissant généralement le cadre de rive en rive, la suite des cadres dans l’ordre initial, puis des cadres gaufrés jusqu’au bout (on ne laisse jamais de vide, on partitionne à la rigueur). Sinon vous pouvez recentrer la colonie, mais c’est sans grande importance, car la colonisation des cadres neufs dépend de la population et des apports en nourriture, plus que de l’agencement des cadres tant que vous les laissez dans le même ordre.

Il suffit ensuite de déplacer les ruches à quelques mètre l’une de l’autre, de part et d’autre de l’emplacement d’origine. Normalement, en les éloignant suffisamment, cela devrait éviter que les abeilles retournent à la ruche qui contient la reine, toujours plus attractive.

Si vous avez pris le temps de chercher la reine et que vous choisissez cette technique, vous pouvez installer la (demi-)ruche orpheline à l’emplacement de départ, et éloigner la (demi-)ruche qui contient la reine à quelques mètres. Attention alors à ne pas l’installer trop proche, sinon les abeilles vont reconnaître l’odeur d’une ruche orpheline et celle de leur reine à proximité et elles vont préférer retourner auprès de la reine, délaissant la ruche orpheline qui va se dépeupler….

Notez : 1/ Cela nécessite une ruche forte qui est déjà installée au moins sur 8 cadres, idéalement sur 10 cadres. Et 2/ qu’il faudra quelques semaines (selon l’époque dans l’année), pour que chaque ruche retrouve son potentiel de production de miel. Celle qui a toujours la reine sera évidemment plus précoce que l’autre.

Avantages : pas besoin de forcément chercher la reine ;
technique basique accessible aux débutants ;
rapidité d’exécution (sauf recherche de la reine qui est facultative) ;
nécessite seulement 1 ruche supplémentaire et 10 cadres gaufrés.
Vous récupérez à la fin de l’opération 2 ruches de force sensiblement égale, et en démarrant sur 5 cadres (comme une ruchette qu’on vient de mettre en ruche !), si vous divisez assez tôt en saison, vous ferez probablement du miel sur chaque ruche à la miellée d’été.

Inconvénients : il est improbable de faire du miel dans les semaines qui suivent cette division importante.
Il faut également vérifier au bout de 1 mois environ qu’il y a bien de la ponte dans chaque ruche. Si une des ruches n’avait pas d’œufs, attendez encore 1 semaine et vérifiez à nouveau. S’il n’y a toujours pas la moindre trace d’œufs, prévoyez une solution de repli (selon la saison et les possibilités : introduction de cadre(s) de couvain ouvert, de cellule royale, reine vierge, ou reine fécondée, réintégration dans une autre ruche…)

Multiplier ses ruches par division en plusieurs colonies

C’est ce que j’appelle en interne : « l’explosion » d’une ruche !
(ce qui n’a rien à voir avec une ruche qui explose… d’abeilles et/ou de miel !)

Cette méthode est similaire à la première, mais elle implique la création de plus de deux colonies à partir de la ruche de départ.

J’ai tendance à choisir cette solution quand je ne souhaite pas garder la reine d’une ruche, alors je « disperse » ses cadres en plein de petites colonies.

On réalise cette division en séparant les cadres en autant de ruchettes que possible. En ruchette 5 cadres, on prévoyant généralement : 1 cadre de provision, 2 cadres de couvain (si possible 1 de couvain ouvert et 1 de couvain fermé), 1 cadre bâti et 1 cadre gaufré (plutôt dans cet ordre).
Si vous n’avez pas de cadre bâti, vous pouvez mettre 2 cadres gaufrés en vous assurant qu’il y a une miellée en cours ou de nourrir les ruchettes avec un sirop 50/50.

Etant donné que vous allez examiner minutieusement chaque cadre, que ce soit pour chercher du couvain ouvert, fermé, des cadres de provisions, etc, vous allez très probablement mettre la main sur la reine (pensez toujours à la marquer si vous la gardez). Dans tous les cas, si vous ne la trouvez pas, je vous invite à recommencer à la chercher sur chacun des cadres, sur les parois de la ruche…
Si vous l’introduisez dans une des ruchettes constituées, privilégiez une ruchette fabriquée exclusivement avec ses abeilles.
Je vous invite particulièrement à mettre de côté cette ruchette spéciale, car dans ce genre de petit volume, elle va rapidement grossir. Comme précédemment, cette ruchette va également avoir un parfum très attractif, il vaut mieux l’éloigner un peu de l’emplacement de départ, et laisser la place aux ruchettes orphelines. Celles-ci seront comme c’est rarement le cas, installées proches les unes des autres et plutôt en éventail autour de l’emplacement de la ruche d’origine, afin que les butineuses se répartissent dans toutes les ruchettes. Cette précaution peut toutefois être délaissée mais vous vérifierez que les ruchettes ne se dépeuplent pas au profit d’une seule dans les 1, 2, 3 voire 4, 5 ou 6 jours suivants !

(J’ai déjà eu des surprises, et c’est généralement compliqué de repeupler une ruchette orpheline dont le couvain a été délaissé et est certainement mort de froid… Les abeilles n’aiment pas ça ! )

Il est parfois nécessaire de diviser plusieurs ruches pour arriver à constituer des ruchettes de composition sensiblement identiques (ce qui facilite grandement les opérations, plutôt que d’essayer de vous souvenir laquelle doit être nourrie parce qu’elle n’a pas reçu autant d’apport que les autres, et de ne vous déplacer que pour elle….).

Avantages : Cette technique permet de se débarrasser des reines et des ruches qui ne produisent pas et n’ont donc pas vraiment de valeur (et peuvent transmettre ce caractère à vos futures reines !).
Elle permet également de multiplier son cheptel plus rapidement, même en passant par l’étape de ruchettes.
L’introduction de reines de qualité permet de changer toute sa génétique rapidement en même temps que la multiplication de votre cheptel !
Vous récupérez les ruches non productives pour le nettoyage, elles seront prêtes pour ré-enrucher les ruchettes !

Inconvénients : Cette méthode est plus longue et demande d’investir dans des ruchettes (ou éventuellement des ruches avec partition).
Elle recommande très fortement de chercher la reine des ruches que vous « explosez » (surtout si vous souhaitez introduire une reine dans vos essaims).
Les ruchettes produites vont peut-être pouvoir être mises en ruche avant la fin de l’année si elles ont été conçues en début de saison et qu’elles ont déjà bien profité de la miellée de printemps. Celles-ci pourront produire dès l’année suivante (ou produire un petit peu en fin d’année si c’est une belle année !).
Sinon vous devrez envisager d’hiverner les essaims en ruchettes (vois article dédié à la mise en hivernage), ils seront mis en ruche et se développeront sur la miellée de printemps suivante, et pourront faire du miel entre la fin du printemps ou la miellée d’été.

Il est parfois nécessaire de nourrir les ruchettes
(trou de miellée, provisions hivernales, nourrissage hivernal…)

Vous pouvez également profiter de l’occasion pour introduire une reine (sélectionnée tant qu’à faire) dans chaque ruchette orpheline (achetée ou élevée par vos soins !), surtout si vous divisez des ruchettes parce qu’elles ne se développent pas bien (reine de mauvaise qualité, qui va aussi produire des mâles de mauvaise qualité qui vont inséminer des reines chez vous et dans le voisinage, et produire plein de ruches de mauvaise qualité…. Vos voyez le genre ! 😉).
Vous pouvez aussi bien introduire une cellule royale, une reine vierge, ou une reine fécondée.
Je vous recommande la lecture de cet article si vous êtes dans ce cas de figure !

En effet, les petites colonies sont plus enclines à accepter une nouvelle reine. Et si pour quelque raison que ce soit, il arrivait quelque chose à la reine (ne naît pas, n’est pas acceptée, ne revient pas de son vol de fécondation…..), alors on n’a mis en jeu qu’une petite population, qu’il devient facile de réintroduire dans une autre ruche si besoin.

Multiplier ses ruches avec le greffage

Méthode que j’affectionne particulièrement, bien que plus technique ! Il vous faudra effectivement du matériel d’élevage, du temps, et encore un peu de temps, puis aussi de l’organisation… Mais quelle fierté d’élever ses propres reines, et d’avoir de nouvelles colonies avec des caractéristiques génétiques spécifiques !

Je trouve préférable de vous proposer un article complet spécialement dédié à l’élevage de reines ➡ ICI !

Plus de ruches, c’est aussi plus de suivi, et des règles strictes pour vendre son miel hors du cercle familial (création d’une entreprise avec SIRET)

Multiplier avec la récolte d’essaims dans la nature

Pas de recherche de reine fastidieuse ! Une méthode aléatoire qui donne pourtant des résultats, j’en ai fait tout un article ➡ ICI !


En conclusion, la division d’une ruche est une méthode courante que devrait connaître tout apiculteur (même sans aller jusqu’à l’élevage de reine qui nécessite un peu d’entrainement et de pratique) pour créer de nouvelles colonies d’abeilles.

De nos jours, quand nos abeilles sont menacées par le varroa, le frelon asiatique, le changement climatique qui perturbe hivers comme étés… Les pertes sont parfois colossales ! Alors même si une année vous ne faites pas autant de miel que prévu, vous aurez au moins toujours votre outil de production !

Il est important de rappeler que cette pratique doit être effectuée avec soin et précaution pour éviter de nuire à la santé des abeilles (par de mauvaises pratiques, de la méconnaissance, ou trop d’erreur consécutives) et maximiser les chances de succès des opérations. Avec les bons outils, des connaissances approfondies en matière d’apiculture et un peu de pratique, vous pouvez facilement diviser vos ruches pour créer de nouvelles colonies prospères.

C’est en tout les cas ce que je vous souhaite !

Vous pouvez me contacter à : contact@mesateliersdapiculture.fr pour toute question, demande d’information, demande de formation, cours particuliers, conseils privés… (certaines prestations peuvent être fournies avec notamment l’achat d’essaim ou incluses dans une formation, écrivez-moi ! Ma réponse dépendra aussi de la saison ! )

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